Ayant manqué le retour de Nostromo lors du dernier Hellfest, je devais ne pas manquer cette première date de la tournée des Suisses. Car après plus de dix années de silence, le quatuor décide à nouveau de faire gronder son grindcore avec brio.

La salle n'est pas garnie pour cet évènement mais l'assistance est entreprenante, participative que ce soit pour accueillir The Butcher's Rodeo, en ouverture, ou pour la tête d'affiche.

Nos frenchies adeptes du Rodéo des bouchers sont venus non pas avec des couteaux aiguisés mais avec des instruments taillés pour tenir en alerte le public. Il faut dire que Vincent (chant) et ses acolytes envoient d'entrée des assauts parfaitement ciblés sans faire attendre. Animé par son frontman charismatique, le groupe tient grandement son rang et fait honneur à la fosse et à ses fans venus en nombre. L'ensemble déroule un set riche en dynamisme, propre et captivant. La prestation des musiciens n'est pas faite d'économie, chacun met le feu aux planches... même quand les membres décident de venir interpréter leurs morceaux au milieu de la foule. Certains lancent eux-mêmes un circle pit qui est repris par quelques spectateurs. Le show donné pour cette entame de soirée est émouvant et attirant tant par la tenue de ses compositions que par son implication.

La Suisse est connue par sa rigueur, son chocolat, son aspect paisible... L'environnement de Nostromo n'est pas en accord avec toutes les coutumes de leur pays. En effet, la musique interprétée n'a rien d'une sinécure, n'a rien d'une barre chocolatée... sauf si il fait référence à une ancienne campagne publicitaire vantant les mérites d'une confiserie au chocolat ayant une tonicité proche de la dynamite. Car telle une bombe, le quatuor distille des attaques rigoureuses organisées et précises comme une pièce d'horlogerie.
Sans frémir, sans languir, la formation déroule ses compositions tels des charges militaires, tels des brûlots livrés sur le champ de bataille. Le set ne connait aucune faillite, aucune faiblesse, Nostromo met toute l'assistance à sa merci. L'assistance énergique pose rapidement genou à terre par ces uppercuts diffusés sans répit. Les musiciens tiennent le cap malgré un investissement important et une atmosphère imposante. L'ambiance menée par un chant guttural, une basse abyssale ne tenant pas en place, une batterie précise mise en souffrance et une guitare puissante préférant la qualité plutôt que la quantité plonge le public dans une cadence survitaminée, révoltée. Le quatuor assure et maitrise son sujet avec aisance comme si il n'avait jamais mis en sommeil le groupe. Je dois avouer que le grindcore n'est pas ma tasse de thé mais ce spectacle m'a fait changer d'avis tant le show a été rempli d'émotion.

La soirée n'a peut être pas fait salle comble, mais saluons le travail accompli par 3C et l'Empreinte pour ces deux live qui ont rendu une assistance comblée et ravie.