La saison printemps-été de la Tannerie de Bourg-en-Bresse n'était pas encore terminée que déjà « les milieux métalleux » de la région bruissaient de rumeurs persistantes. On aurait droit à plusieurs concerts de hard rock, voire de metal, à l'automne 2017.
Lors de la présentation de la programmation de rentrée, le 14 septembre, l'organisation de trois concerts fut confirmée, trois en huit jours, en novembre ! Et en cette veille du 11-novembre, c'est le premier acte de ce « triptyque » qui retiendra notre attention, à savoir Les Américains de NASHVILLE PUSSY en tête d'affiche, 11 LOUDER et SINNER SINNERS en première partie.
« Y aura-t-il beaucoup de monde ? », telle est la question qu'on entend ici et là. En effet, une telle affiche est-elle susceptible de séduire un public ciblé ? On sera vite rassuré. De l'Ain, des départements voisins, les gens affluent à La Tannerie dont la grande salle se remplit en quelques minutes.

A 21h précises, ce sont les régionaux de ELEVEN LOUDER qui ont l'honneur d'ouvrir la séance. Ils viennent de Dijon, de Chalon-sur-Saône et de Bourg-en-Bresse et pratiquent depuis 2010 un « speedrock'n roll », tendance punk, qui convient parfaitement à l'esprit d'une telle soirée. Nos quatre gaillards ont plus d'une centaine de concerts à leur actif. Aurélien, dit « Punk », torse nu, arpente la scène micro en main, il interprétera dans un set de 30 minutes une dizaine de titres (voir set-list en photo ci-dessous), quelle puissance, quelle énergie chez ce Bourguignon ! Quant à Simon, le Bressan, il n'est pas seulement le brillant batteur du groupe, mais aussi l'animateur d' 11 LOUDER. Avec Martin à la guitare et Adrien à la basse, 11 LOUDER ne tardera pas à créer l'ambiance dans la fosse. Le public,heureux d'être là, n'est pas avare d'applaudissements, notamment lorsque le chanteur s'agenouille sur la scène, puis descend dans l'arène et enfin dédie une belle chanson à MOTÖRHEAD et à son leader Lemmy décédé il y a deux ans. On enchaîne par un petit circle-pit improvisé, suivi d'un bref pogo. Punk se renverse une canette sur la tête avant de conclure le set – court mais intense- par le joli morceau « Indestructible ». Une vraie émotion se dégage d'11 LOUDER, groupe qui mérite l'accueil qui lui a été réservé ici, ce soir.

Changement de plateau, et à 22h les six membres de SINNER SINNERS investissent la scène. D'illustres inconnus, entend-on. Pas pour longtemps...Dans cette formation californienne, trois guitares et un clavier. En 2009, Steve Thill, un Français, et sa compagne Sam, une jeune Hollandaise, en couple à la scène comme à la ville, se sont expatriés à Los Angeles où naîtra SINNER SINNERS, groupe inscrit aujourd'hui chez Cadavra Records. Ce sextette joue ce qu'on pourrait nommer « punk garage », avec un zeste de metal, parfois appelé aussi « Horror punk », mais Steve, le chanteur et frontman, ancien de SUPPOZITORS, estime à tort ou à raison que les mots « punk » et « metal » « font peur aux gens ». Pour mieux connaître SINNER SINNERS, on pourrait également ajouter que Steve a eu l'occasion de rencontrer ou de fréquenter dans la grande ville de Californie, de près ou de loin, des membres d'AC-DC, des SEX-PISTOLS, Lemmy Kilmister et même le chanteur d'EAGLE OF DEATHMETAL ! On se souvient du sinistre 13 novembre 2015 au Bataclan.
Bref, SINNER SINNERS est une formation aux multiples influences, tantôt hardrock, tantôt heavy ou punk.
Steve bondit dans la salle, se faufile à travers le public médusé, ce Franco-américain aime le contact direct.
A l'issue de leur set de 35 minutes, les SINNER SINNERS ne sont plus des inconnus à Bourg-en-Bresse. Connus et reconnus, ils resteront un groupe atypique.
(voir set-list en photo ci-dessous)
Deux hommes, deux femmes, peu après 23 heures, le quatuor de NASHVILLE PUSSY est accueilli sous les acclamations du public. « Are you ready ? », s'écrie Blaine Cartwright, le chanteur, frontman, fondateur du groupe US en 1996. Ils nous viennent d'Atlanta, capitale de la Géorgie et ont déjà eu l'occasion de se produire dans notre région, en particulier au Sylak. On aime ou on n'aime pas NASHVILLE PUSSY dont le seul nom suffit à déclencher les rires et dont les textes ou les comportements souvent provocateurs sont à prendre au deuxième, au troisième...degré. Il s'agit en réalité d'un groupe de hardrock sudiste (dénomination officielle), un peu touche à tout, qui s'identifie à son leader, Blaine, l'homme à la casquette et à l' éternel blouson étoilé, entouré de Ruyth Suys, sa blonde épouse, guitariste, parfois imprévisible, et de la brune Bonnie Buitrago, bassiste, plus sérieuse, mais capable de sourire au public. Le batteur, lui, a été longtemps Jérémy Thompson, depuis peu remplacé par Ben Thomas, excellent dans sa discipline.
La salle fait une véritable ovation à ce groupe « hors norme » en tournée européenne, dont l'album le plus connu est « Up The Dosage » (2014). Riffs assassins, solos de batterie, heavy metal ou accents punks dans la voix autant que dans les attitudes, headbangings, pogos ou slams, bref du gros rock sudiste, c'est cela NP en concert…
A maintes reprises, Blaine avale une bonne gorgée de Jack Daniel's, un véritable rite, de même que la scène du chapeau (après la casquette), qu'il remplit d'une autre boisson (moins) alcoolisée qu'il tentera tant bien que mal d'avaler ensuite...Provocation, grand spectacle, c'est aussi cela NASHVILLE !
Le public, jeunes d'aujourd'hui mais surtout jeunes d'hier, est aux anges, son
bonheur est palpable, « ça brasse dans la fosse », quelques brèves pauses et ça repart...Et le batteur, un as de la baguette, déploie tout son talent en nous gratifiant d'un long solo, bientôt suivi d'un solo de guitare de la part de Ruyth.
Dos au public, au pied de la batterie, Blaine, Bonnie à gauche et Ruyth à droite, « mettent les gaz », atterrissage imminent pour NASHVILLE PUSSY. Quel voyage !
(voir set-list en photo ci-dessous)
Presqu' une heure et demie de plaisir et de divertissement, un set à la hauteur de leur notoriété et de leur réputation. Voilà, une salle quasi comble et une assistance entièrement comblée...Cette soirée fut un réel succès, sans doute au-delà des espérances de ceux qui ont choisi notre ville comme étape de la tournée européenne des Géorgiens.

De la nostalgie, probablement, dans « ce peuple de vieux rockers » (non, ce n'est pas du tout péjoratif), fans de metal, de hardrock généreux et convivial, voire de gothique, de hardcore ou de punk, mais aussi une vraie émotion, c'est cela que l'on retiendra de cet événement.
Il convient d'adresser un chaleureux merci à tous ceux qui, chacun à son niveau, ont contribué à la réussite de ce concert inédit, artistes, public et La Tannerie de Bourg-en-Bresse.