Nous voici une fois de plus réunis à l’Elysée-Montmartre pour un concert, et pas n’importe lequel puisqu’Al Jourgensen y débarque avec Ministry dans le cadre de la tournée de leur dernier opus : AmeriKKKant.
Lorsqu’on rentre, la scène est déjà affublée de deux poulets gonflables géants affublés de croix gammées barrées… et coiffés comme Donald Trump. Ça promet !
Mais avant que les américains rebelles prennent place sur scène, ce sont nos déjantés de chez nous qui viennent nous envoyer des baffes dans la gueule.
Parce que c’est ce que font les membres de Shaarghot avec leur électro indus sombre à souhait. Les franciliens ont tiré parti de tout l’espace de la scène de l’Elysée-Montmartre pour mettre en place leur scénographie glauque avec leurs corps grimés de noir de la tête aux pieds et les apparitions de personnages en haillons et masque vénitien jusque dans le public sous des lumières vertes caractéristiques du groupe. Et musicalement parlant, ça cogne. Il n’y a pas d’autre mot. Shaarghot nous en met autant dans les tympans que dans les mirettes. Le public ne s’y trompe pas, c’est un joyeux bazar là dedans et on a même droit à un slam.

Mais quand les maitres de la soirée débarquent, on change de niveau.
Sur un fond de montage vidéo d’extraits de Donald Trump, les musiciens laissent (trop) trainer leur entrée avec l’intro d’AmeriKKKant I Know Words qui s’enchaine avec celle aussi longue de Twilight Zone qui tarde un peu à se lancer à force. Par contre quand ça part, ce n’est pas à moitié. Ministry nous rappelle sans mal pourquoi ils restent un point de repère dans le monde de l’indus. En tenue exubérante, Al se balade au milieu des projections psychédéliques et/ou satiriques qui englobent une partie de la scène et le fond, chantant dans un peu tous ses multiples micros quand il ne les sature pas en criant dedans au mégaphone. Le temps d’une setlist de 12 morceaux, l’Elysée-Montmartre sante, danse, slame et pogote au son déstructuré des américains enragés.
6 ans après leur dernier passage à Paris, Al Jourgensen (sobre !) et Ministry nous montrent qu’ils n’ont rien perdu de leur énergie et de leur rage. On ressort de ce concert bien sonnés et épuisés, les rues parisiennes nous semblent étrangement calmes.

Merci à Tangui pour l'accréditation accordée à Pavillon666.