Ce soir-là, au Trabendo, la chaleur est suffocante, confirmant la réputation de hammam des petites salles parisiennes. Pour Seether et 4Lyn les Parisiens sont venus nombreux : la salle affiche complet. On croise même, dans les locaux, des Espagnols et des Anglais. Mais un point commun les unit : ils attendent tous avec impatience Seether.

C'est avec 30 minutes de retard que les Allemands de 4Lyn entrent sur scène. C'est non sans grincer des dents que le public chevelu voit débarquer Ron, frontman du groupe, munit de sa mèche façon "émo" et de sa veste "queue-de-pie". Mais tout le monde les avait sous-estimé. Ceux qui scandaient le nom de Seether se sont vite tus pour écouter attentivement le Nu-Metal, tirant parfois sur le Rock, qu'ils nous ont offert ce soir-là. Les instruments sont légèrement en retrait par rapport à la présence vocale de Ron. Ce dernier nous livre une prestation remarquable et remarquée : une voix parfaitement posée sur les guitares rythmiques, oscillant avec facilité entre des "screams" et un chanté mélodique, sans aucune fausse note. Le bassiste, Deee, joue de sa basse à 5 cordes avec une aisance et une joie non dissimulées , exécutant les morceaux comme une simple promenade de santé. Le set est calibré, alternant morceaux aux riffs entêtants sur lesquels le chanteur se déchaîne et chansons plus douces qui nous feraient presque verser une larme. Très proche de son public, le frontman balance des phrases françaises très appréciées et des "bisous" en direction du public, tout cela d'une manière très exubérante. Il n'hésite pas non plus à faire participer son auditoire qui reprend en coeur les refrains et s'en donne à coeur joie. Le public parait intéressé par la musique mais ne se déhanche pas pour autant. C'est un groupe qui n'a pas pris la "grosse tête" : Ron fait des autographes au stand T-shirt, distribue lui-même ses singles à la fin du concert et n'hésite pas à venter les mérites de Seether sur scène. En conclusion, 4Lyn a tout bon. N'hésitez pas à assister à leur prochain concert en Décembre 2008.

Seether a su se faire désirer ce soir-là étant donné que l'entracte a parut aussi long que le show entier de Seether (on avait pas finit de grincer des dents). Shaun Morgan, le chanteur, arrive devant son micro avec les traits tirés, le teint cadavérique, des cernes marquées sous ses yeux mi-clos : en résumé, il était totalement "défoncé". Mais cet état second ne transparaîtra pas sur sa prestation vocale exceptionnelle. Cette voix chaude et légèrement éraillée est aussi envoûtante sur scène que sur CD. Une voix hors norme qui lui permet même de monter dans les aigus. On ne verra presque pas le deuxième guitariste du groupe, inconnu au bataillon, caché à l'extrême gauche de la scène. En revanche le bassiste, Dale Stewart, est très présent, arborant une crête des plus esthétiques. Tout au long du set, il change de guitares ou de basses comme de chemise. On reconnaîtra des morceaux tirés de leur album Karma And Effect tels que Because Of Me, déclencheur de pogos ou encore Remedy qui clôtura magnifiquement la soirée. Et comment ne pas être touché lorsqu'ils jouent des morceaux de l'album Finding Beauty In Negative Spaces dédié à Eugène Morgan, le frère décédé de Shaun. La session acoustique, au milieu du show, constituée de plusieurs morceaux, a marquée une baisse de tension au sein du Trabendo : l'auditoire est comme hypnotisé par le doux chant de Shaun, dont le regard transpire de tristesse, et il écoute religieusement sa plainte. Seether est plus distant avec son public que le groupe précédent, ne lui accordant la parole que très rarement au cours de leur set. Ils sont partis sans dire au revoir, et sans rappel. Voilà le seul bémol de cette soirée : un "Seether" trop distant envers son public.

Un concert globalement réussi, surtout grâce à la découverte de 4Lyn, un groupe qui en vaut la peine, et grâce à la performance très touchante de Seether. Des prestations tellement bonnes qu'on en oublie les petits défauts de la soirée : une ambiance suffocante due à la salle surpeuplée, un vigil qu'il faudrait "pendre haut et court" et une nonchalance un peu trop marquée de la part de la tête d'affiche.