CHRONIQUES CONCERTS

Ce soir à la Rayonne, c'est la rencontre de deux générations de musiciens. D'un côté, les vétérans de PAIN et, en support, les nouveaux venus d’OCEANS. NUCLEAR BLAST propose un plateau de deux groupes relayé au local par SOUNDS LIKE HELL. Cela promet un dimanche soir des plus agréables.

OCEANS ouvre cette soirée. Le groupe s'est formé en 2017 et comporte des membres à la fois autrichiens et allemands. NUCLEAR BLAST a signé ce groupe et enrichi son catalogue déjà bien fourni en y incluant un groupe nouvelle génération orienté metalcore et post-metal. Sur album, la nouvelle génération de coreux a de quoi se faire plaisir, mais malheureusement, je trouve la prestation du soir un peu difficile. Certes, le groupe a une bonne énergie, aussi bien musicale que visuelle, mais la production a un peu de mal à donner aux titres toute l'énergie dont ils ont besoin. La prestation en souffre un peu. Il faut dire qu'il existe un certain fossé entre ce groupe et la tête d'affiche. Le public, peut-être un peu trop âgé ou fatigué pour ce groupe, semble avoir du mal à rentrer dans ce set. À revoir, je pense, dans d'autres conditions.

Est-ce que Peter TÄGTGREN a encore des choses à prouver à qui que ce soit ? La réponse est, de mon point de vue, clairement non. Quand on a une carrière comme la sienne, avec des productions et des groupes comme il a eus, on n'a rien à prouver à qui que ce soit et on a juste à profiter. C'est l'impression que m'a toujours fait PAIN. J'ai toujours trouvé que ce groupe était l'expression la plus personnelle de l'artiste, là où il se fait en même temps le plus plaisir. HYPOCRISY est tout aussi personnel mais peut-être un peu plus cantonné à un style défini, alors que PAIN est un mélange de saveurs beaucoup plus diversifiées. Ce soir, d'ailleurs, le choix des morceaux de la set-list est particulièrement varié. PAIN a évolué depuis ses débuts en 1996. Si ces débuts comportaient peut-être plus d'éléments empruntés à une sorte de death metal industriel, l'évolution a fait que les morceaux ont incorporé d'autres éléments plus mélodieux. Peter TÄGTGREN est une encyclopédie musicale à lui tout seul et il n'y a rien d'étonnant à ce que cela se retrouve dans ses compositions, jusqu'à reprendre BJÖRK ou les BEATLES. Et rien d'étonnant non plus que le concert de ce soir soit à l'image de la carrière du groupe. PAIN met certes en avant son dernier album en date, « I Am », sorti en 2024, avec en ouverture « I Just Dropped By (To Say Goodbye) », mais en profite aussi pour distiller un florilège de son répertoire qui couvre toutes les périodes de sa carrière. On ne s'attendait pas forcément à retrouver « End Of The Line » aussi tôt dans la set-list, joué en deuxième, pour un enchaînement des gros titres que sont « Call Me » et « Zombie Slam », avant de replonger rapidement au début de la carrière du groupe avec l'excellent « Suicide Machine ». Je trouve que cette set-list peut certes paraître étrange de par ses enchaînements, mais se fait finalement pleine de bonnes surprises. Les nouveaux morceaux comme « Push The Pusher » s'intègrent à merveille et on a même droit à un « 12.42 » inattendu, qui permet au groupe de souffler et d'aller se changer avant de lancer l'excellent « Go With The Flow ». Vous aviez encore des doutes quant à la ressemblance entre Peter TÄGTGREN et Johnny DEPP ? Le clip de ce titre et ses références au film « Las Vegas Parano » valident définitivement cette ressemblance physique. Peter TÄGTGREN revient donc sur scène habillé comme dans le clip pour ce titre, qui fonctionne comme le tube de l'album, tout comme « Party In My Head », joué un peu plus tard, et une occasion renouvelée pour sortir des costumes. On peut avoir la classe en robe de chambre. Après une nouvelle série de titres imparables comme « Same Old Song », « The Great Pretender », « Have a Drink On Me », « Let Me Out » ou encore « I'm Going In », PAIN termine son set sur l'incontournable et traditionnel « Shut Your Mouth ».

PAIN nous aura une nouvelle fois livré un set imparable et impeccable. Les lumières, le son, la mise en scène et l'énergie étaient au rendez-vous ce dimanche soir. Il y a certes moins de surprises qu'il y a une quinzaine d'années, mais une confirmation du statut du groupe. PAIN est une valeur sûre qui n'a jamais déçu, et ce concert ne fait que confirmer ce que je pensais déjà de ce groupe : je l'adore. Point final.