Ha ! enfin une soirée qui va tordre le cou aux paradoxes et préjugés ! En effet, Montpellier, nonobstant une population jeune et élevée, n’attire jamais foule lors de ses concerts métal ! Pour preuve quelques exemples de ces dernières années au Rockstore : Clawfinger (moins d’une centaine d’entrées), Napalm Death (environ 200 personnes), Strapping Young Lad / Devin Townsend (même affluence), Impaled Nazarene (pareil)…. Bref, Montpellier reste un mystère et pas mal de groupes préfèrent désormais ne plus prendre le risque de passer par la capitale héraultaise !
Ce soir, l’association MURMURLEMENT est aux anges : Le Rockstore affiche complet !
Pas moins de 800 personnes (jeunes, parfois très jeunes) se serrent les coudes pour pouvoir se faufiler dans la salle.

C’est à TREPALIUM de lancer l’ouverture du bal ! Pour tout dire, le groupe est plutôt à l’aise et leur Death Groovy alambiqué et technique n’est pas si éloigné de ce que propose Gojira et semble être l’idéal pour débuter les réjouissances! Le son n’est pas à l’avantage du combo et manque cruellement de puissance et de clarté. Qu’à cela ne tienne, les TREPALIUM parviendront à combler cette lacune en proposant un set carré, hyper au point et loin d’être ennuyeux ! Musicalement barré dans un style à la fois violent et dissonant (y’a un peu de Voïvod là dedans, non ?) les titres frappent. Souplesse et charisme sont au rendez-vous et le public semble adhérer totalement (mention spécial au vocaliste qui en impose sérieusement !)… la soirée s’engage plutôt bien !

Place au phénomène GOJIRA ! oui, il faut bien l’avouer il s’agit véritablement d’un phénomène, et on peut affirmer sans trop se mouiller que pour la première fois la France détient un groupe hors norme qui semble presque indétrônable scéniquement ! Non seulement le quatuor propose une musique reconnaissable entre mille mais offre un show unique. Aucune faute de goût ! L’impact des GOJIRA est d’autant plus flagrant qu’un véritable sentiment de simplicité, de renoncement aux modes, de presque « non-look » renforcent l’esthétisme sous- jacent ! « Oroborus » suivi de « the heaviest matter of the universe » entament le set et mettent tout le monde d’accord. Le son est presque parfait, les lights sublimes, les projections photo et vidéo des plus artistiques, le chant puissant et parfois innovant et créatif (ha, ce vocoder !!!!)… Tout au long du concert, l’on ressent une émotion loin des stéréotypes du métal extreme conventionnel. Tout cela reste « arty » sans jamais tomber dans le snobisme ou la branlette intellectuelle. On parle ici de prodige et de groupe fédérateur à l’osmose indéniable ! Faisant la part belle au dernier album, l’heure et demie de concert va passer à toute vitesse, entrecoupée par un solo de batterie et le sublime « art of dying »… Le quatuor apparaît satisfait, et, même si parfois peu expansif sur scène, Joe (chant/guitare) n’hésite pas à se remémorer l’époque ou le groupe s’appelait GODZILLA et avait joué (il y a dix années déjà) dans ce même Rockstore ! Le titre « vacuity », en rappel, conclura un set édifiant !

Les détracteurs présents ce soir ont dû baisser les yeux et rembarrer leur scepticisme « à la française » devant tant d’honnêteté et de savoir-faire… Même Mario (batterie), derrière des airs d’adolescent timide (!) et après une performance qui relève du sport de haut niveau, s’offrira le luxe d’un bain de foule pour achever un concert sans faille et déjà culte !