CHRONIQUES DE CONCERTS

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UNEARTHLY TRANCE - Paris
Avec : Ramesses, Unearthly Trance
Date du concert : 13-04-2009  
Lieu : Le Klub - [ 75 ]  
Affluence : 60  
Contact organisateur :  
Interview :  
   
Date de la chronique : 17 avril 2009 - Chroniqueur : Locust Star - Photographe :  



C'est au Klub de Paris, lieu de concert intimiste s'il en est qu'Unearthly Trance et Ramesses nous ont donné rendez-vous sur leur tournée commune. L'actu des sorties des deux groupes étant plutôt dynamique, ces deux formations impies ont décidé que oui, en effet, il faut battre le fer tant qu'il est chaud.

J'ai eu la chance de connaître bien des salles de concert au cours de mes modestes errances musicales, et pas des plus avouables je vous le concède... mais je dois bien avouer que le fameux Klub, pour ma part jusqu'alors inconnu, m'a réservé forte impression. Un bar, quelques mètres carrés d'espace devant la scène qui n'en compte elle-même qu'une petite dizaine, tel est le décor qui s'offre à moi ce lundi 13 avril à 21h, peu après l'ouverture des portes. Cette salle me semble en effet assez idéale pour deux groupes de cette trempe: deux power-trios aussi lourds qu'Unearthly Trance et Ramesses ne risquaient pas à mon humble avis d'avoir besoin de plus de place et je dois aussi avouer pour ma défense que j'ai toujours largement préféré les petites salles, l'ambiance se faisant en général plus chaleureuse dans ce genre de situation. C'est tout d'abord presque inquiet que j'ai abordé la soirée: la première partie ayant été annulée, la date ne se déroule alors qu'entre les deux groupes sus-cités. Qu'à cela ne tienne, je prends mon mal en patience et après une discussion sur Edgard Varèse et sa musique psychotique Ramesses monte enfin sur la dite scène aux alentours de 22h.

L'obscure formation de blackened doom entame son set sans autre forme de procès avec une chanson du très sombre « The Misanthropic Alchemy ». Je dois dire que mes doutes se sont envolés aussi vite qu'ils sont venus: le son est fort, lourd, puissant et crade: à l'image d'un Ramesses au meilleur de sa forme, en somme. Le public, relativement nombreux dans une salle d'une telle proportion et surtout pour un lundi soir, paraît très vite conquis. Il faut bien avouer que visuellement ça tabasse aussi sévère: Adam Richardson, le bassiste-chanteur à la barbe séculaire éructe des vocaux (renforcés par un delay remarquable...) aussi profonds que sa taille est gigantesque, le colosse affichant un visage sombre et impassible, ses rapides mots de remerciement en fin de chansons mis à part. Mark Greening, le bûcheron (dont la cymbale ride au son si lourd fait presque le diamètre d'une hélice de réacteur d'avion...) et Tim Bagshaw, le guitariste, dégagent eux aussi cette attitude scénique très antipathique, le batteur dévisageant parfois d'un regard de fou à lier au détour d'un break une personne au premier rang... Malsain, n'est-ce pas? Comprenez-le ou non, c'est exactement ce que tout le monde est venu chercher ce soir chez Ramesses. La performance glauque du groupe donnant dans le gros son très épais jeté en pâture à un public forcément averti a donc le résultat escompté: c'est un succès. Malgré quelques soucis de faux contacts un peu gênants avec la basse, le déroulement du concert n'est jamais compromis et c'est bien entendu sans véritable accroc que Ramesses tisse ses sombres incantations électriques. Le groupe tape dans sa discographie de manière plutôt équilibrée et le bassiste/chanteur/géant/ogre et ses deux acolytes anciens membres d'Electric Wizard nous laissent à l'issue de cinquante minutes de doom une drôle d'impression: leur musique a beau être égrenée sous un tempo massivement lent, on a bien l'impression que tout est passé trop vite.

C'est seulement une quinzaine de minutes après la dernière note de Ramesses qu'Unearthly Trance attaque son set avec « God Is a Beast », piste fédératrice issue de leur dernier opus, le très réussi « Electrocution ». D'emblée, le public semble avoir changé d'attitude et de visage: deux ou trois coreux bas-du-front nous montrent avec force moulinets que c'est fini d'faire dodo. Le trio New-Yorkais a beau avoir quelques passages D-Beat, j'aurai été bien loin d'imaginer que le mosh serait de mise ce soir-là. Outre cela, le reste de l'assistance écoute avec attention le chant désespéré de Ryan Lipynsky, chanteur-guitariste alternant avec merveille du cri hardcore le plus brut à un chant burné au hasard des chansons. Le son, quant à lui, est d'ailleurs tout aussi bon que celui de Ramesses et damn it! Je me demande encore comment trois mecs arrivent à sonner comme ça sur scène. C'est rond, encore magistralement puissant et malgré certaines mauvaises langues il faut bien concéder que dans une si petite salle sans aucun retour de scène et ou seules la voix et la grosse caisse sont repiquées c'est tout à fait honnête. Les chansons s'enchaînent et une relation assez chaleureuse s'instaure de plus en plus avec le public, le groupe échangeant même quelques vannes avec le premier rang. A contrario de Ramesses qui a cultivé cette froideur majestueuse, Unearthly Trance a gagné à dialoguer un peu plus, le groupe se détendant même jusqu'à terminer sa prestation par une chanson de son répertoire dans un registre mélangeant HxC agressif et sludge poisseux au tempo lentissime qui laisse tout le monde sur une bonne impression générale.

Lecteurs, lecteuses, ne vous fiez pas aux apparences... l'expérience me montre souvent qu'à petite salle, gros concert. Deux groupes de taille internationale ont ce soir-là laissé un souvenir indélébile dans beaucoup d'esprits. Entre l'antipathie quasi-religieuse de Ramesses forçant le respect si ce n'est l'admiration et l'attitude presque bon enfant comparable à celle d'un groupe de HxC New Yorkais lambda pour Unearthly Trance (dont les racines influentes remontent plus facilement vers Celtic Frost et Neurosis que vers Madball) nous avons eu droit ce soir, mes amis à usage unique et moi, à une petite leçon de performance indé.


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