Drôle de choix que TRACEDAWN pour ouvrir cette soirée. En effet, là où ENSIFERUM est une figure absolument incontestable du Folk-métal, nos finnois sont de tout jeunes musiciens, qui plus est strictement inconnus. Cependant, force est de constater que ces jeunes blanc bec ont de l’énergie à revendre, leur musique assez difficilement définissable, à la croisée du Death, du Black et du Heavy-métal s’avère extrêmement puissante. Lorsqu’ils sortent leur dernier single intitulé « In your name » avec un riff proche du mosh part le groupe a définitivement brouillé toute les pistes. Toujours est-il que la performance est belle, les musiciens sont hyper carrés et le chanteur est très impressionnant dans sa maîtrise des voix claires, point sur lequel pêchent les trois quarts des groupes où la tendance principale va aux hurlements. Malheureusement une demi-heure de set est bien trop court pour juger un groupe, néanmoins l’assemblée acclame la formation finnoise et le groupe nous laisse le sentiment qu’il a assez de crédibilité pour devenir pro un jour.

Second groupe de la soirée : une véritable originalité. Il s’agit de METSATOLL, formation Estonienne, fait assez rare pour être souligné. Le groupe opère dans un Folk-métal encore plus radical que celui de ENSIFERUM. Le guitariste chanteur, le bassiste et le batteur sont tout trois épaulés par un quatrième musicien qui est relégué à tout un attirail d’instruments folkloriques dont je ne serais pas capable de restituer tous les noms, rappelons juste, la cornemuse, la vièle, la flûte et la guimbarde. Les passages les plus pêchus manquent parfois de clarté mais force est de constater qu’en matière de musique traditionnelle le groupe est extrêmement aboutie. La précision avec laquelle les chœurs sont travaillés est assez bluffante, le groupe jouant sur les différentes tonalités de voix, basses et medium se répondant à travers des lignes assez élaborées. Sur une des dernières chansons exécutées par le combo le chant est d’ailleurs l’élément central, les instruments ne rentrant vraiment en jeu qu’après plusieurs minutes d’a capella. Côté atmosphère nous frôlons le grandiose lorsque le bassiste sort une percussion encombrante qu’il frappe pour marquer le rythme. Rien de spécial à cela me direz-vous, sauf que la peau de cette percussion empeste littéralement la vache ou je ne sais quel animal mort, odeur qu’il est rare de sentir au Nouveau Casino, bref un court instant le groupe parvient à nous transporter avec des éléments simples. Excellent.

Voici enfin la formation tant attendue, dont le dernier passage parisien remonte à l’année dernière, à la différence près que depuis, ENSIFERUM, a sorti un nouvel album assez controversé : « From Afar » Toujours est-il que le public manifeste une grande ferveur pour le quatuor comme le montre la fosse surexcitée dès que retentissent les premières notes du titre éponyme « From atar ». Ce soir le groupe joue la carte de la prévisibilité nous offrant la quasi intégralité de ce dernier album, dont l’excellent « Stone Cold Metal » dont l’originale partie de chant sifflée est malheureusement samplée. Durant une heure trente, le groupe se démène comme de beaux diables à un point tel qu’il est difficile de comprendre comment fait Sami Hinkka pour ne pas se tromper, rappelons que le bassiste dont la précision est remarquable, joue aux doigts sur une six cordes. Petri Lindroos est également ce soir très en forme que ce soit au chant ou à la guitare ce dernier est définitivement un très bon musicien, le live nous permet de plus apprécier ses parties soli, définitivement plus Heavy que par le passé. Les musiciens sont un peu ridicules dans leur kilt, il faut l’avouer, mais qu’importe le groupe est amical, et cela se ressent parmi le public qui agit un peu comme une communauté tout à fait fraternelle (quoi de plus normal ceci étant avec de si belles mélodies folkloriques ?). ENSIFERUM offre deux rappels ce qui change des trop nombreux et trop mesquins pseudo-rappels que les groupes ont tendance à proposer. Les moments forts de la soirée furent les magnifiques chansons plus anciennes du groupe comme les inévitables « Wanderer » ou « Iron » qui fut d’ailleurs offert en guise de rappel.