En ce samedi 14 novembre où il ne fait ni beau ni mauvais, j’arrive sur le champ de bataille vers 13h par la gare de Crosne/Montgeront, situé à une dizaine de minutes de marche du Parc Anatole France où se déroule le fameux Crosne Medieval Fest. Ce festival d’une journée, organisé par l’association spécialisée dans le pagan metal Battle’S’Beer, a fait un gros coup de buzz il y a quelques mois pour avoir annoncé Finntroll (qui sera par la suite annulé, erreur de la part du tourneur du groupe), mais il est resté néanmoins une date phare pour tout fan de Pagan/Folk/Black metal de région parisienne et d’ailleurs !
Je pensais rater les deux premiers groupes, Valhôll et Valland, mais il s’avère que je rentre dans la salle pendant le set du premier groupe, donc j’en déduis que le fest a commencé avec une heure de retard : tant mieux pour moi (pour le moment).
Je réalise qu’à peine entrer à l’intérieur, on ne peut déjà plus parler à son voisin sans gueuler comme un porc : le son est beaucoup trop fort… À noté que l’orga distribue des bouchons à l’entrée tout de même, sympa comme initiative !

J’assiste donc à la deuxième moitié du set de Valhôll : comme sur CD, c’est puissant, ça envoie le pâté avec du bon black/pagan metal parsemé de passages acoustiques, mais l’ambiance n’est pas très chaude dans la salle ; le public étant nettement moins nombreux en ce début d’après-midi, ça ne bouge pas beaucoup (et même pas du tout, malgré la bonne volonté du groupe). Apparemment, ils auraient eu des problèmes de retour nuisant à leurs performances ; en tout cas, j’ai bien aimé et j’étais déçu de ne pas avoir tout vu ! L’excellente reprise de Belenos pour clôturer le show fut efficace.

Je pars faire le tour du « village médiéval » installé juste à côté de la salle : on y trouve bon nombre de stands d’artisans médiévaux qui vendent vêtements d’époque (peau de bête, cuir, tissu…), objets de décorations fantastiques, armes médiévales (épée, arc…), bijoux et divers accessoires de style Moyen-Âgeux, sans oublier la nourriture médiéval ! Ce dépaysement original fait plaisir à voir, surtout quand il est accompagné de la douce musique de Vadrael, un musicien qui noue joue de la harpe à l’extérieur, et qui fait un contraste efficace avec la musique plus brutale qu’on peut écouter dans la salle.

Après ce tour d’horizon du village, quelque peu frisquet en ce jour de mit-novembre, je rentre bien au chaud dans la salle René Fallet pour voir jouer Valland, que je ne connais pas du tout. Il y a déjà un peu plus de monde. Ce groupe officie dans un black/death accompagné d’instruments celtiques (veuze et chalémie, pour les connaisseurs…). Les cinq membres font bonne figure sur scène, leur musique est originale grâce à l’utilisation des instruments celtiques accompagnés d’un rythme plutôt brutale, tout cela rend bien pour les amateurs de groupes comme Aes Dana ou Heol Telwen. Une prestation d’une demi-heure (comme tous les « petits groupes » avant Darkestrah) pas transcendante mais agréable !

Quand je rentre à nouveau à l’intérieur, c’est au tour de Skorzum de fouler les planches. Ce groupe officie dans un registre assez différent, qui est un black atmosphérique à synthé assez intéressant, mais j’ai plutôt du mal à rentrer dedans. Ils me font pas mal penser à Summoning, avec des ambiances épiques assez répétitives accompagnés de nappes de synthé ; objectivement, ça joue bien, c’est carré, mais c’est pas trop mon truc en live. À la fin de leur set, le chanteur/guitariste (très bonne voix black !) annonce que dehors va se dérouler un combat de Frankland, une troupe de reconstitution historique Viking présentant de nombreuses activités artisanales, mais principalement martiales (mêlée, cercle de combats, entraînement).

Je sors donc de la salle pour assister au spectacle de Frankland. Ca m’a vaguement rappelé les combats de chevaliers au Puy du Fou (Vendée)… nostalgie. Ils ont commencé par des formations « militaires » (en ligne, en cercle, formation tortue…), puis ont enchaînés avec des combats en équipe suivie de duels. C’était sympathique sans être exceptionnel ; mais comme on ne voit pas des combats de soldats médiévaux tous les jours, on profite et on assiste au spectacle avec un certain plaisir. Je ne suis pas resté durant tout le spectacle car NightCreepers allait jouer et je ne voulais pas raté le début ; direction la salle !

Enfin ! Le son a été baissé, on peut se parler sans s’extenuer la voix, bonne initiative.
Le public est maintenant assez nombreux, de quoi s’amuser dans la fosse devant la scène. Je connaissais déjà NightCreepers et j’ai pris ce que je m’attendais à prendre : un folk metal avec accordéon (voir « pirate metal » par moment !) très bien foutu qui nous en met plein la face pendant une bonne demi-heure. Les excellentes mélodies de guitare font fureur, accompagnés d’un synthé bien en place, d’un accordéon présent et d’une bonne voix growl, ce qui donnent un fameux mélange aux consonances guerrières qu’on aurait bien écoutés un peu plus longtemps ! L’ambiance du côté du public était bonne, mais le mieux est à suivre…

Il est maintenant 16h30, et c’est au tour de Cave Growl, groupe de metal aux sonorités très folk, de nous montrer de quoi ils sont capables… après une intro à la cornemuse tiré d’un thème traditionnel (qu’à aussi repris Stille Volk), ce groupe muni d’un bouzouki, d’une flûte (« whistle »), d’une cornemuse et d’un violon (« fiddle ») pour ce qui est des instruments celtiques, nous met directement le feu dans la fosse ! Au niveau de l’ambiance, c’est pour moi le meilleur groupe de la journée. La fraternité guerrière-vikingo-païenne que le groupe dégage se ressent directement dans la fosse où les braves metalleux se tiennent par l’épaule et font des rondes festives (où je me suis retrouvé comme un con en plein milieu plus d’une fois). J’aurais bien repris de cet excellent set de Cave Growl, mais c’est au bout d’une demi-heure passée à une vitesse folle que le groupe de Cergy quitte les planches. Vivement la prochaine !

Après la traditionnelle pause de vingt minutes, c’est au tour d’un des deux groupes internationaux spécialement invités pour l’occasion (et qui se produisent pour la première fois en France !) d’envahir la scène : le groupe de black metal Darkestrah !
Ici, on change « carrément » (bon ok, ça reste du metal extrême !) de style avec Cave Growl : corpse paint et non-sourire sont de vigueur ! Le « shamanic black pagan metal » des Allemands divise le public en deux : ceux qui accrochent, et ceux qui n’accrochent pas. Pour mon cas, en tant que débutant dans le milieu black metal, ce fut un très bon moment. Le groupe nous plonge aisément dans une ambiance black atmosphérique envoûtante, avec des passages à rallonge où se mêlent mélodie de guitare et nappes de clavier qui nous emmènent dans leur monde païen, avant de nous ramener en force à réalité avec des riffs brutaux accompagnés par la très bonne voix black de la chanteuse. La petite heure de jeu du groupe passe elle aussi plus vite que je ne l’aurais cru !

Nous avons maintenant droit à deux heures d’attente avant de reprendre les hostilités dans la salle. Ca papote, ça boit, ça papote, ça boit, ça boit… faut bien se réchauffer, il commence à cailler à 19h en novembre ! Vous excuserez donc votre serviteur, mais il se souvient moins bien des derniers shows auquel il a assisté qu’en début de journée… L’alcool, c’est mal !

Il est donc aux alentours de 20h45 quand le public a de nouveau droit d’entrer dans la salle pour assister au concert de Taliesin : à cette heure-ci, c’est tout une armée de vikings qui rentre d’un coup, impressionnant par rapport au début d’après-midi !
Le groupe nous livre un très bon black/pagan bien brutal mais très épique : les chœurs sur les refrains sont repris par un public connaisseur et conquis pour ceux qui découvrent comme moi. Les morceaux sont composés de passages « blast beat » suivie de riff épiques pour la plupart du temps ; la bonne recette du black/pagan. La fosse bouge bien, les guerriers sont contents d’être rentrés au chaud pour en découdre sur de la bonne musique ! On peut faire le reproche au groupe d’être trop statique mais ils ont une excuse pour ne pas beaucoup bouger : pour faire les chœurs c’est mieux d’être en face du micro ! À noté qu’ils nous ont fait une bonne reprise de Dissection, « The Somberlain ». Un très bon moment passé en la compagnie de Taliesin, qui chauffe bien la fosse en attendant l’un des groupes phares de la soirée : Heol Telwen ! (remerciement à Alesky le Roux pour m’avoir réchauffé la mémoire !)

Et quand vingt minutes plus tard, l’un des groupes de celtic/black metal français le plus réputé du territoire national entre en scène, ce n’est pas pour relâcher la pression ! Le groupe est en forme et nous livre un superbe concert, mélangeant les meilleurs morceaux de leur unique album « An Deiz Ruz », avec deux morceaux inédits ! L’ambiance est au rendez-vous, même si elle n’égalera pas celle du concert de Cave Growl qui fut unique en cette journée. Mais comment résister aux pogos et au headbang devant tant de beauté musicale ? Heol Telwen réussit le parfait mélange entre passages acoustiques calmes accompagnés de chœurs, puis passages énervés avec toujours un bon air de bombarde ou de flûte en fond et du chant growlé bien entraînant ! Cela faisait un bout de temps que je voulais les voir et je n’ai pas été deçu ! Le groupe a une bonne prestance scénique et a l’air heureux d’être là, pas loin de la tête d’affiche du festival ; un bon concert de chauffe pour préparer leur show à l’Elysée Montmartre pour le Cernunnos Pagan Fest en janvier !

Setlist Heol Telwen
1- An Deiz Ruz
2- Dahud
3- Ar Sant Khoz
4- Etre Douae Mor
5- Kan Ar Kern
6- Genidezh En Marv
7- Enez Glaz

Malheureusement, je suis obligé de quitter la salle et le parc en urgence à 22h30 juste après le concert d’Heol Telwen car le festival est assez loin de chez moi.
Je rate donc Trollfest, l’autre invité international (Norvégien) qui officie dans un folk metal « festif » (en remplacement de Finntroll !) et Folge Dem Wind, un groupe Français qui joue lui du black metal à thème païen… dommage, ça avait l’air bien !

Pour conclure, c’est donc une très bonne journée que j’ai passé à Crosne pour cet événement spécial dans la scène pagan française. Les concerts furent en globalité très bons (voir excellent, coup de cœur pour Cave Growl et Heol Telwen), et le cadre du festival original et très sympathique. Merci à Battle’S’Beer d’avoir organisé ce Crosne Medieval Fest, en espérant sincèrement que ce fût une réussite du côté financier et que cela permettra d’en refaire dans le futur !
Et comme on dirait dans le milieu : « Hail to Pagan Metal ! »