Ce premier concert de l'année 2010 au Lyon's Hall sera consacré au death / grind ou au grindcore,un genre qui semble séduire de plus en plus d'adeptes,en France en tous cas.
Ce sont trois groupes qui vont investir la scène et tenter de réchauffer la salle ce jeudi soir, ABRUPT de Rhône-Alpes,MÜMAKIL,nos voisins de Genève et NATRON, "les pères du death italien",originaire de Bari.
Les abondantes chutes de neige annoncées auront-elles dissuadé les amateurs de se déplacer ? Nous verrons en effet que l'affluence n'a pas tout à fait répondu aux attentes de l'association "Les Femâles" , les sympathiques organisatrices de bons concerts , désormais bien connues dans l'agglomération lyonnaise. Précisons enfin que l'évènement s'inscrit dans le cadre du EUROPEAN ROTTEN TOUR 2010.
 
A 20 heures 45 précises,le trio ABRUPT "ouvre les hostilités" en envoyant ses premières notes dans une salle enfumée à l'excès. Pour présenter ce groupe, il faut souligner l'origine de ses membres , à savoir le batteur (THE SEVEN GATES) , le bassiste (SEDATIVE) et le guitariste (ex-WHISPER-X) . Avec ces trois musiciens expérimentés , dont c'est ,je crois, l'une des premières prestations publiques dans cette formation, nous entrons d'emblée dans le vif
du sujet. Encouragés par la présence de quelques amis ou fans , ils ne tarderont pas à déclencher quelques mouvements  dans la salle, voire quelques headbangings,notamment lorsque le chanteur de JUMPING JACK RIOT monte sur scène et s'empare du micro.
C'est finalement un numéro assez carré d'une trentaine de minutes et une dizaine de morceaux que ces trois musiciens confirmés auront interprêtés. Leur set se terminera par un embryon de pogo...Peut-être peut-on simplement regretter que la guitarre soit restée un peu en retrait.
Bref,le trio ABRUPT nous a fourni une bonne entrée en matière , des mélodies groovies sur fond de metal puissant , et selon la formule consacrée, une musique brutale sans concession.
Le public l'a observé d'un œil bienveillant et espère le retrouver dans des conditions techniques plus favorables.
 
Après un rapide changement de plateau,à 21 heures 30 , nous allons passer "aux choses sérieuses" -cette expression n'a rien de désobligeant pour le groupe précédent. C'est en effet le groupe NATRON qui s'installe,alors qu'on l'attendait après MÜMAKIL . Peu importe!
NATRON,formation fondée en 1992 en Italie du sud, joue pour certains un rôle de leader dans son pays,en matière de death et de metal extrême. Quoi qu'il en soit,c'est un groupe doublement majeur, composés de musiciens influencés, entre autres,par MORBID ANGEL ou par NAPALM DEATH.
Ce soir,à Lyon,le public constatera assez vite que Diego,le chanteur à la voix rauque,n'est pas au mieux de sa forme,mais nous nous abstiendrons de toute remarque à cet égard.
Le set est loin d'être, pour autant, médiocre,il est bien construit,rondement mené,solide.
Certains passages donnent toutefois l'impression de linéarité,d'autres semblent répétitifs.
Treize chansons sont au programme,nous retiendrons par exemple "Enthroned in Repulsion", "House of Festering" et "Backyard Graveyard".De bons moments...Rien à reprocher au batteur, Max, ni au guitariste,pas plus qu'au bassiste, mais le public,assez statique,ne paraît pas complètement comblé,il reste sur sa faim,même si le chanteur se lance dans un slam ,au goût de certains spectateurs,inutile et intempestif.
Un bref pogo entre cinq ou six personnes et quelques applaudissements polis sont bien,à mon sens, la démonstration que ce qui devait être un petit événement à Lyon,fut en réalité  plutôt décevant. Au bout de 45 minutes,nos quatre Italiens ont rangé leur matériel...
 
Une courte pause,chacun attend frileusement ou fébrilement l'arrivée de MÜMAKIL (du nom des éléphants du "Seigneur des Anneaux" ?)
Enfin,les rois du grindcore investissent la scène. Il est déjà 22 heures 30.Tom,le chanteur qui en impose,salue le public,son public,devrait-on peut-être dire.
Il aura fallu attendre les Genevois pour qu'une partie des spectateurs commence à bouger réellement.
Un peu comme leurs amis français de BLOCKHEADS,ils ont l'art d'établir rapidement et durablement le contact avec leur public. Précisons pour les non-initiés que cette formation suisse ne date ,sous cette dénomination, que de 2004 et n'a produit à ce jour que deux albums.
La voix puissante et envoûtante de Tom et le jeu de ses trois collègues contribuent à faire passer un courant de sympathie dans la salle,les gens semblent avoir moins froid,ils sont plus réactifs,se rapprochent de la scène. Un metal percutant,abrasif et un répertoire varié,jamais ennuyeux,des textes critiques ou ironiques,par exemple "Holy wars","Panzer Division",
"Barbecue in Bhopal" etc., c'est cela MÜMAKIL.
Le public en redemande,un rappel ou une prolongation du set ,peu importe,nos Helvètes auront joué près d'une heure devant des spectateurs,pour la plupart acquis à leur cause. Et leur chanteur,figure charismatique,n'est pas étranger à leur succès et à celui du grindcore.
 
Ce concert qui a bénéficié d'une bonne promotion laisse pourtant un sentiment mitigé. Les musiciens ne sont pas en cause , en tout cas pas tous , loin de là. Certes les Suisses de MÜMAKIL qui connaissent et aiment Lyon ont sauvé la mise , mais globalement l'enthousiasme n'y était pas. La foule non plus. C'est probablement ce qu'on appelle l'air du temps.
"Les Femâles" qui ont organisé et préparé cette soirée méritent d'autant plus nos remerciements.