Annoncé depuis déjà bien longtemps, le festival Nordic Black Mass organisé par les acteurs de l’ombre aura lieu ce soir à Luynes. La petite salle du Korigan va être le théâtre d’une cérémonie particulière, d’un sombre rituel aux allures grotesques et malsain. L’essence  noire du black metal va étendre son linceul sur le public du sud. Six groupes, 190 personnes, et TAAKE en tête d’affiche, que demander de mieux ?

La lourde tâche de l’ouverture revient à un groupe de la région : DARKENHÖLD. Œuvrant dans un style plutôt mélodique, voire épique, aux forts accents médiévales, le groupe nous présentera un set carré mais plutôt court. Corpse paint, robe de bure et cape rouge, l’imagerie est importante ici et travaillé. Même si on est en droit de se demander si la cape rouge n’est pas de trop. Toujours est-il que musicalement la magie prend, la voix est un peu faiblarde et aura du mal à passer, mais les mélodies sont prenantes. Le jeu très statique des musiciens sera sans doute là pour renforcer l’expression glaciale du public. Il reste donc un travail de mise en scène à améliorer, car le black metal épique de DARKENHÖLD mérite de s’ouvrir à un large public.

C’est maintenant au tour d’AORLHAC de prendre place sur la scène du Korigan. Encore un groupe Français, le dernier pour ce soir. Ils ont un deuxième bon album à défendre ici. Toujours dans la rubrique médiévale et épique, AORLHAC se dévoilera sans peines. Trois guitares sur scène, une basse, une batterie et un chanteur, forcément cela fait du monde pour cette petite scène. Ce qui ne semblera pas poser de problèmes à leur chanteur et frontman qui se révélera réellement énervé. Peut être en fait-il un peu trop ? Il est vrai que son attitude sur scène en rebutera certains et que ses efforts pour motiver un peu le public toujours statique se révéleront vains. Mais une chose est certaine, AORLHAC est un groupe à voir. La musique prend aux tripes et nous sommes portés par le dynamisme et l’efficacité des compositions, avec Ardraos (CHRISTICIDE) derrière les futs, le groupe en aura convaincu plus d’un. Avec en surprise l’arrivé d’un guest sur scène, Cervantes et sa cape rouge de DARKENHÖLD. Un bon moment, à revoir d’urgence.

Passons maintenant aux norvégiens. SULPHUR sera le premier de ses messieurs à se présenter. Qu’auront-ils à présenter ? Pas grand-chose au final. Un black/death metal un peu expérimental sur les bords qui n’accrochera pas du tout. Au final la plupart des gens préféreront affronter la pluie battante et prendre l’air plutôt que de rester dans la salle. SULPHUR n’apportera rien de plus à la scène du genre, pour un groupe qui se dit expérimental leur musique est très prévisible et plate. La touche ne prendra pas et au final nous rayerons bien vite de nos mémoires cette prestation vide. Notons au passage l’humour du chanteur frontman qui se moquera de ce public français et de son amour stupide pour la Norvège. Il lui suffisait de prononcer le mot « Norway » pour déclencher nombres de cris d’acclamations, dommage que la foule ne suivait pas lorsqu’il parlait de son groupe. Toujours est-il que malgré leur humour très appréciable, SULPHUR aura été le bide de la soirée.

Restons dans la touche expérimentale, voir même avant-gardiste, avec VULTURE INDUSTRIES. Le groupe aura ce soir son lot de fans, et l’ambiance commencera à monter. Nous présentant un metal très avant-gardiste au diverses influences, marqué par la folie d’un Bjørnar E. Nilsen en pleine forme. Sourires de psychopathes et démarche robotisé. Le spectacle en valait la chandelle, le groupe aura réussi à nous emmener dans leur univers déjanté, à la fois fou, grandiose et malsain. Il se passe quelque chose de pas très clair mais personne n’est en mesure de dire quoi. Une bonne découverte pour certains, un moment attendu pour d’autres. Les blackeux pur et dur seront dehors, les gens à l’esprit un peu plus ouverts seront restés pour assister à un show différent, inhabituel et tout aussi inquiétant voir plus, qu’un show de black metal. Un grand bravo au groupe qui nous aura fait voyager l’espace d’un instant dans leur esprit malade.

Revenons à du black metal plus conventionnel avec le groupe HELHEIM. Le pagan guerrier et ambiant des Norvégiens n’est plus à présenter, et c’est en côte de maille, comme à leur habitude, que le quatuor va se produire ce soir. Nous aurons droit à une exploration d’un peu toutes leurs périodes, mais ce qui marquera le plus les esprits sont les morceaux plus ambiant à la ENSLAVED, le tout accompagné de vidéos expérimentales de fond de scène. Tous les symboles du pagan black metal y seront représentés, le marteau de Thor, les guerriers Vikings, le Drakkard, les Loups, les Corbeaux etc … Trouvant l’équilibre juste entre la violence et le rêve, HELHEIM aura offert une prestation inoubliable, allant même jusqu’à jouer au beau milieu du public. Magique, tout simplement.

TAAKE, le groupe tant attendu de la soirée, les légendes du black metal norvégiens, vont enfin arriver. Ce n’est qu’après une intro des plus longues que Hoest et sa bande vont faire leur apparition. Et c’est partie pour un show incroyablement dynamique et déjanté made in TAAKE. Pas carré pour un sou, l’ambiance est très rock’n roll et les célèbres grimaces d’Hoest ne font que renforcer ce côté « je m’en fous j’suis une légende », assez appréciable. Très présent sur scène, certainement pas sobre, le frontman est seul maitre à bord de l’entité. TAAKE s’en donnera à cœur joie tout en faisant participer son public en leur donnant le micro de temps en temps. Très peu appréciable pour nos oreilles ceci dit. Le show est de bonne facture, le côté pas carré du tout n’est pas quelque chose qui va déranger l’ensemble du public black metal. Par contre, la voix d’Hoest n’a pas l’air très en forme ce soir, et après avoir cassé son premier microphone, nous ne l’entendrons quasiment plus. L’arrivé sur scène de Bjørnar E. Nilsen (VULTURE INDUSTRIES) sera l’occasion d’encore plus de débordement et de bazar. Sur scène c’est la fête et nous avons un peu du mal à suivre ce qu’il s’y passe. Toujours est-il que l’ambiance est à son comble, que ce soit sur scène ou dans la fosse. TAAKE a bien joué son rôle de tête d’affiche, il s’agira sans doute de la prestation dont tout le monde se souviendra.

Un grand merci aux acteurs de l’ombre pour avoir organisé cette soirée black metal. La cérémonie fut de taille et nous en redemandons ! A très bientôt, le metal n’est pas mort dans le sud comme certains essayent de le faire croire, les acteurs de l’ombre viennent de nous le prouver.