CHRONIQUES DE LIVRES
PAUL DI'ANNO The Beast – Ma vie avec Iron Maiden... et après. [ 2011 ] |
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398 pages Style : Autobiographie |
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Chronique : 06 mars 2011, réalisée par Hellbangeuse | |||
Paul Di'Anno, le chanteur qui fit décoller Iron Maiden avec la sortie de "Killers" en 1981 est également connu pour ses frasques sans fin. Ce vilain petit canard, qui forçait un peu trop sur la bouteille et perdait sa patiente plus vite que son ombre n'a pas fait long feu chez Iron Maiden, trois ans tout au plus. Mais sa vie ne s'arrête pas là, bien au contraire. Fort du succès rencontré avec ce premier groupe, la Bête a su en tirer un profit non négligeable en jouant de cette image de "premier chanteur d'Iron Maiden" depuis une trentaine d'années. Ce qui ne le rend plus tout jeune et encore moins recommandable. "The Beast – Ma vie avec Iron Maiden... et après" se présente comme une autobiographie franche et explicite brossant un tableau exhaustif de la vie mouvementée d'une véritable Rock Star avec tous les mythes mais aussi toutes les réalités gravitant autour de son image. De quoi régaler les papilles friandes d'anecdotes scabreuses, de combats primaires mais aussi de déconvenues monumentales. Dès l'avant-propos, Di'Anno prévient son lecteur : "Si t'es un de ces culs bénis qui pensent que les musiciens de rock sont la progéniture du diable, envoyés sur cette terre pour pourrir les esprits d'ados influençables, ce livre va certainement te fournir la preuve que tu cherches". L'homme est lucide : son ouvrage ne va pas contribuer à donner une meilleure image du milieu aux yeux des plus sceptiques, bien au contraire. Et il a bien raison car "The Beast" n'est que le récit d'une vie purement malsaine et dont il parle lui-même comme d'une "plongée en enfer". Paul n'est donc pas ici pour faire un cours de morale et ne voit d'ailleurs pas l'intérêt d'un quelconque mea culpa puisqu'il ne regrette rien. Son écriture en est la meilleure preuve avec un ton cynique et ironique saupoudré de quelques tonnes d'insultes.. Quoi que l'on puisse en penser, ce style très personnel rend la lecture fluide et mordante au point qu'on a du mal à ne pas tout lire d'une seule traite. Niveau organisation, Di'Anno suit une progression à peu près chronologique dans sa narration même si elle laisse souvent place à quelques digressions ramenant notre personnage à sa première jeunesse. Ainsi, vous aurez le droit de tout savoir sur les années Maiden de Paul et ce qui l'a poussé à quitter le groupe. Le livre continue ensuite de plus belle racontant largement l'ère Battlezone mais aussi son plus récent projet personnel éponyme. De quoi accompagner notre homme un peu partout dans le monde, d'Hollywood à la Bulgarie en passant par Londres et ses nuits agitées, rencontrer ses fans les plus actifs et déjantés et bien sur profiter d'un panorama élargi de sa sexualité débridée. Et lorsque vous en aurez marre de toutes ces histoires de fesses, celles de police, de drogues et de beuveries géantes seront là pour vous consoler. Mais si vous cherchez une quelconque introspection de la part de l'auteur et des paroles un peu plus évoluées, alors il faudra repasser. Mis à part les vagins, Di'Anno n'est pas doué pour s'occuper de choses profondes et ne fait que nous décevoir au fur et à mesure de notre lecture. A chaque fois que la narration s'approche d'un semblant de maturité et semble mettre le doigt sur un problème donné, Di'Anno revient immanquablement à ses affaires douteuses, c'est plus fort que lui. A force, "The Beast" ne se réduit plus qu'à une accumulation d'exploits tous plus ridicules les uns que les autres et l'on finit par avoir l'impression d'être tombé sur un numéro de Gala spécial rock-star. On a même le droit à quelques photos pas toujours glorieuses au milieu de l'ouvrage (notamment celle d'une immonde fan allemande aux deux obus terrifiants) pour accompagner le tout. Et quand vient le moment de se dire au revoir, Paul préfère laisser la parole à quelques proches puisqu'incapable de synthétiser quoi que ce soit. Ce qui aurait pu se montrer original et très habile se révèle au final incroyablement plat puisque les divers intervenants (de Cliff Evans à Denis Stratton en passant par des anonymes ou des managers) ne font que ressasser une nouvelle-fois et presque mot pour mot les mêmes histoires déjà lues quelques pages plus tôt. On achève donc sa lecture contrarié, avec l'impression d'être passé à côté de quelque chose d'intéressant car un tel livre écrit par un tel personnage aurait sans doute pu être fascinant s'il avait été approfondi. Quelle déception que "The Beast". Si les anecdotes et les détails sont bien là, le fond et l'introspection restent désespérément absents d'un ouvrage qui ne pourra donc satisfaire que superficiellement ses lecteurs. Bien sur, le panorama brossé de la vie d'une rock star en vaut bien la lecture mais celle-ci reste néanmoins très plate et peu satisfaisante. Di'Anno aurait en revanche un bel avenir en tant que scénariste de films pornographiques... |