CHRONIQUES DE LIVRES

ROBERT CULAT

L’âge du metal [ 2007 ]
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Style : Musical rock
  Informations :
 
  Contact éditeur : http://www.myspace.com/editionscamionblanc
  Contact groupe/auteur : http://www.myspace.com/padrebob
 
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  Chronique : 14 avril 2009, réalisée par Ultimecia
 

Vous pensez sûrement qu’on a déjà tout écrit sur le metal, que le sujet a été exploité en long en large et en travers ? C’est sans doute vrai, mais pourtant, malgré le nombre relativement important de livres sortis sur la question, il y en a toujours qui arrivent à trouver des concepts d’études originaux, d’autant plus si l’auteur constitue en lui-même une « originalité ».

Je m’explique, en 2007 sort aux éditions bien connues du Camion Blanc, un ouvrage intitulé « L’âge du metal », écrit par Robert Culat, un prête catholique de 40 ans du diocèse d’Avignon et actuellement vicaire à la paroisse de Carpentras. Surprenant n’est ce pas ? Légitimement, on pourrait s’attendre à un débat des plus houleux entre religion et metal….et bien il n’en est rien. L’auteur tente de rester le plus objectif possible dans son étude. Pourquoi en a-t-il fait une alors me demanderez vous? Tout simplement par curiosité. En 1994, Robert voit arriver dans son aumônerie deux lycéens metalleux, accoutrés de façon étrange et pourtant catholiques. Dès lors, sa curiosité n’a de cesse d’augmenter et il décide, en 2000, d’envoyer un questionnaire anonyme à des metalleux de France et de Navarre, trouvés par le biais d’annonces diverses dans des magazines. Opération réussie : plus de 550 réponses lui reviennent, de quoi commencer une bonne étude sociologique sur la question, qui tente dans un premier temps, de dresser le profil type du metalleux en quelque sorte.

On peut diviser ce livre en trois parties : la première comprenant plus de la moitié de l’ouvrage, concerne le dépouillement dudit questionnaire, la seconde traite du rapport entre metal et religion qu’analyse Robert Culat ainsi que des interviews fort intéressantes auxquelles ce dernier a répondu, et pour finir, des annexes comprenant un panorama des différents courants musicaux propres au metal (très utiles pour les néophytes), des traductions de paroles (notamment Dornenreich que Robert semble beaucoup affectionner) ainsi qu’une multitudes de notes se référant à son étude.
Parmi les 22 questions du questionnaire, tout y passe : l’auteur commence en interrogeant le sondé sur sa prise de contact avec la musique metallique (par quel biais ? depuis combien de temps ?…), puis aborde divers sujets, comme la culture cinématographique, l’ouverture musicale sur d’autres styles, la façon de percevoir « le look metal », l’état d’esprit, la religion et j’en passe. Les questions sont formulées de façon ouvertes ou fermées et l’analyse des réponses se fait très méthodiquement par le biais de statistiques. L’interprétation quant à elle, est très réfléchie, j’entends par là que l’auteur semble peser chacune de ses phrases. Il n’y a pas de conclusions hâtives et précipitées, Robert Culat formule énormément d’hypothèses, sans y apposer de jugements particuliers. Il reste au plus près des résultats statistiques, comme un vrai professionnel totalement neutre.
On aimerait d’ailleurs parfois que celui-ci pousse l’interprétation des résultats un petit peu loin car souvent les commentaires n’apportent rien de plus que les chiffres en eux-mêmes et ne s’avèrent de ce fait, pas toujours utiles. Il est probable que l’auteur n’ait pas voulu creuser plus les résultats, de peur que certains y voient une sorte de jugement de valeur, en raison de sa condition de clerc, ou alors par volonté de faciliter la compréhension de l’ouvrage dans le but de s’adresser à un large public. C’est dommage ; à mon sens certaines réponses auraient mérité d’être plus approfondies. Par conséquent, le lecteur risque de sauter des paragraphes entiers, les commentaires faisant juste officient de redite des chiffres. Le seul avantage de cette démarche qui vise à rester au plus près des données statistiques, est l’objectivité la plus totale, ce qui n’est pourtant pas négligeable. Autre élément qui auraient été appréciable, la précision de l’âge des personnes interrogées. En effet, comme tout bon questionnaire, le sexe, l’âge et la situation des sondés arrivent seulement à la fin. Or il est évident que le point de vue d’un metalleux ne sera pas le même à 16 ans qu’à 25. De ce fait, on aurait aimé que l’âge soit plus souvent stipulé même si celui-ci est précisé pour certaines réponses. Dernière petite remarque, la question des femmes dans le milieu metal est quasiment ignorée. Dans ce milieu exacerbant la virilité, leur accorder un peu plus d’attention aurait été intéressant. D’autant plus que Robert Culat ne semble pas très informé sur la place de la femme dans le metal, puisque celui-ci site comme exemple de groupes à dominance féminine, uniquement Rockbitch et Genitorturers, en concluant : « Bref la présence des femmes dans le metal n’est pas forcément toujours une réussite » (p 221). Lacune incontestable de l’auteur qui aurait pour le coup, mieux fait de plus s’informer.

Après cette première partie consacrée au dépouillement du questionnaire, arrivent les réflexions de l’auteur sur le sujet metal et religion. Ici, Robert Culat semble plus à l’aise. Les hypothèses sont moins nombreuses, on sent qu’il maîtrise parfaitement son sujet. Il reprend entre autre, les arguments principaux des metalleux contre le catholicisme en comblant ses lacunes grâce à son point de vue de prêtre, autrement dit de spécialiste en la matière. Il se dresse ainsi comme un médiateur, instaurant une sorte de dialogue entre les camps, en constatant cependant, que la culture religieuse des metalleux, bien que meilleure que chez beaucoup d’autres jeunes, est souvent limitée. De la même façon, il reprend les arguments chrétiens contre les metalleux et tend à faire la part des choses. Cependant, Robert Culat reste un clerc et il est fort probable que si son ouvrage pouvait susciter quelques engouements pour la foi catholique, celui-ci ne s’y opposerait sûrement pas. Mais attention, loin de moi l’idée de penser que cet ouvrage est prosélyte ou missionnaire. Robert Culat a le mérite d’établir cette étude sans à priori et de faire le point sur des questions parfois sensibles.

A qui s’adresse ce livre ? A toutes personnes curieuses du milieu metal, metalleux ou non. Pour la première catégorie, beaucoup de réponses pourront paraître évidentes bien que d’autres feront preuve d’une réelle surprise. Pour les seconds, il permet de faire tomber les préjugés, et ce, de la plume de quelqu’un qui serait le plus susceptible d’en avoir.
Véritable tableau sociologique, neutre et objectif, il a cependant comme inconvénient majeur de limiter sa réflexion et ses développements. Son intérêt principal pour les initiés réside sans doute, dans ce que j’appelle sa deuxième partie, traitant à savoir, du thème religion et metal vu par l’auteur. Cet ouvrage constitue toutefois, un bel exemple d’ouverture d’esprit dont la suite (si suite il y a), ne pourra être que meilleure.

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