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BROKEN DOWN
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Mise en ligne le : 17 février 2016  | Intervieweur : Chart | Traducteur : CHART

INTERVIEW francaise - pavillon 666 - webzine metal rock
1.Salut et merci d’avoir accepté de répondre à cette interview, est-ce que vous pourriez en guise d’introduction nous présenter le groupe et son histoire ?

Jeff : Broken Down est un one-man band né à l’été 2014. Il s’inscrit dans la continuité de mon projet solo electro-indus-ambient-noise “JeFF”, qui existe depuis 2002, et des autres groupes de métal auxquels j’ai pu participé ces dix dernières années.



On peut parler d’une base métal industriel / rock industriel, mais ça serait plutôt réducteur de s’arrêter à ça. Toutes sortes d’influences se retrouvent dans Broken Down. J’aime beaucoup de styles, de groupes et d’artistes différents, et cette musique en fait la synthèse. Il n’y a aucune barrière.



Le premier album, First Spit, est sorti en 2015 et possédait plutôt une esthétique sombre et doom. Le nouvel album, The Other Shore, qui sort dans quelques jours, le 26 février, accélère le tempo et mélange encore plus de styles : stoner, hardcore, indus, new-wave, rock et même eurodance.



2.Comment s’est passée l’écriture de cet album ?

Je commence comme d’habitude, en sortant des riffs de guitares. Pour moi, c’est la base de la musique rock et métal. Je ne mhe vois pas commencer par le chant, tu vois. Ensuite je crée une première rythmique et les lignes de basse. Cela donne la couleur des passages : s’ils sont plutôt groovy, s’ils sont lourds, s'ils sont planants, etc.



Avec cet ensemble façon “power trio”, je vois si certaines mélodies ne ressortent pas mieux au piano ou synthé. Je règle la structure des morceaux de manière très mathématique, afin que chaque partie participe réellement. Il n’y a pas de riffs de remplissage : du genre “là ça sera un couplet, il faut laisser de la place au chant”.

Une fois que cette base de rock, qui est déjà plutôt richement garnie musicalement, est prête, j’écris les paroles et trouve les lignes de chant.



Je commence à enregistrer la batterie et les machines. En créant les kits de batterie et les sons de synthés, de nouvelles idées arrivent et je modifie la compo de départ de manière plus instinctive. A ce moment je travaille plus sur l’ambiance que sur les notes. Je bidouille les sons des machines pour vraiment créer ce que j’ai en tête.



Enfin, pour ce nouvel album, j’ai essayé de “lisser” la musique afin que la première couche soit plus facile à écouter. Je me suis donc concentré sur les arrangements avec des nappes de synthétiseurs et des lignes de chants qui rendent les refrains catchy. J’avais en tête que les claviers trouvent une place comme dans les morceaux du ‘Kind of Magic’ de Queen ou dans la synth-pop, et qu’ils cachent un peu la richesse (complexité?) réelle qui se trouve derrière. C’est la première fois que je me concentre sur cet exercice et je pense que cela m’a vraiment aider à “contenir” les morceaux et à tracer une ligne directrice pour chacun.



Comment s’est passé l’enregistrement ?

Lorsque le morceau est entièrement composé, toute la partie électronique (batterie, claviers, machines, samples,...) a déjà été enregistrée puisqu’elle entre, comme je le disais, dans le processus de composition.



Tout est enregistré maison. Ca débute par la basse et les guitares. Rien de spécial à ce niveau : c’est du rock ! Puis, le chant. Il y a beaucoup de choeurs et le type de chant change plusieurs fois dans un même morceau. En général je note rigoureusement toutes les idées que j’ai lors de la composition et je n’improvise que très peu. Cela prend quatre à cinq heures pour enregistrer toutes les voix d’un morceau. Tout cela s’étale donc sur plusieurs mois.



Ensuite, le plus long et le plus fastidieux dans le processus d’enregistrement est le mixage. C’est tout un métier, et ce n’est pas le mien. Mais, la musique de Broken Down étant tellement personnelle, et comme j’ai une vision très précise de ce que je veux, je pense que cette étape fait partie de l’enregistrement et même de la composition je dirais.

C’est pour cela que j’ai à nouveau travaillé avec Yann Klimezyk de Mon Studio. Il avait bossé sur le premier album, First Spit, je le connais depuis plus de dix ans et il est toujours disponible. Nous avons beaucoup échangé par e-mail et téléphone. Il m’a accompagné dans le mixage des morceaux afin que la basse ne bouffe pas la grosse caisse, que les guitares ne cachent pas le chant, que la voix soit assez compressée pour ressortir après mastering, que l’on puisse entendre la caisse claire sous distorsion à travers le synthé sous distorsion,... : tout un tas de bidouillages très techniques, que seuls les musiciens soupçonnent, et encore, pas tous… Cela m’a pris plusieurs mois pour être satisfait.



Enfin, j’ai filé les stems (une piste guitares, une de batterie, une de machines et synthés, une de voix, une de basse) à Yann pour l’équilibrage final et le mastering.



4.Est-ce que tu peux nous en dire un peu plus sur tes paroles ?

Tout comme la musique, les textes sont personnels. ‘Mr. Sun’ parle de mon déménagement de Lorraine vers le bordelais et du fait que je me suis redécouvert avec ce nouveau mode de vie entre l’océan Atlantique et le vignoble.

‘Scribble Your World’ est encore plus introspectif et résume quelques facettes de ce que je suis et ait été, et incite l’auditeur à être lui-même, à créer son propre univers au quotidien, et à ne pas suivre les standards qu’on veut choisir à sa place, ...



‘The Other Shore’, ‘This Art Is Mine’ et ‘Alienated Music’ sont clairement des hymnes à l’ouverture d’esprit et à la création, dans la musique et dans tous les domaines de l'art au final. Ces textes sont des appels à la création par tous et au partage de ces créations. Tout le monde peut créer de l’art, car l’art, pour moi, c’est exprimer ses sensibilités. Le problème est qu’exprimer sa sensibilité n’est clairement pas encouragé par notre société, et que c’est même, souvent, gage de faiblesse.

Tous ces créateurs ne doivent pas s’autocensurer par peur de “faire mal les choses” ou de les faire “de travers”, d’être moqué ou de ne pas être compris. Les moyens de création et de diffusion de notre époque permettent à n’importe qui de laisser s’exprimer ses idées. C’est une très bonne chose et il ne faut pas que des “élites” décident ce qui est bien ou non, ce qui a le droit d’être diffusé ou non, ce qui est authentique ou non,... Les labels et maisons de disque font déjà le tri pour la "masse" au niveau des artistes (rentables ou non), alors pourquoi priver encore plus les mélomanes.

Tout acte de création est respectable même s’il n’entre pas dans nos goûts. Quand j’étais ado, des potes m’ont incité à enregistrer, à écrire et à persévérer dans tout ça. Il me semblait logique que ce soit à mon tour d’essayer d’inciter de nouveaux créateurs à s’exprimer et de remettre à leurs places certaines personnes : ceux qui se sentiront visés par certains textes. Pourquoi s’interdire de créer des choses avant même d’avoir essayé ? On ne peut pas se projeter et deviner exactement ce que donnera notre création sans avoir essayé de la réaliser. C’est dans cette optique que j’ai publié les pistes séparées de certains morceaux, afin que n’importe qui puisse s’amuser à les bidouiller, les remixer, les découper,... et je serai ravi de voir, lire, écouter,.. le rendu de ces créations. Certains remixs et cover sont déjà apparus sur le net.

Pour moi, écouter de la musique t’aide à savoir qui tu es, à te faire évoluer, et c’est par la diversité de la proposition que chacun peut y trouver son compte. Les inquisiteurs de la “bonne musique”, de la “musique acceptable”, de la musique “bien produite”, etc, n’ont qu’à passer leur chemin. Ils ne sont pas plus légitimes que quiconque et leurs opinions ne vaut pas plus que d’autres.



‘Speculator’ raconte l’histoire d’une tomate qui devient la plus prisée et la plus chère après que ses copines soient mortes du mildiou. Mais dès lors que d’autres tomates poussent, elle redevient une anonyme dans la masse. Cela illustre l’offre et la demande, et la rapidité à laquelle le changement s’opère dans notre monde dirigé par l'argent.



Enfin, ‘Puzzle’ est une conclusion qui dit en gros “je vais bien, tout va bien, amusons nous et dansons”.



5.Quelles sont tes principales sources d’inspiration ?

Dresser une liste de groupes influents serait vraiment trop compliqué. Tout ce que j’écoute peu m’influencer d’une manière ou d’une autre. J’adore analyser la musique que j’écoute, y compris des trucs pop sur lesquels tout “bon” métalleux “doit” cracher.



Je dirai que ce qui ressort en premier dans The Other Shore est ma fascination pour la musique de Trent Reznor. Cela fait des années que j’écoute Nine Inch Nails, et que je suis fan de ses mélodies de piano et de sa manière de superposer des arrangements tellement bien venus. On parle souvent de The Downward Spiral ou de With Teeth mais mon préféré est The Fragile. Ces 22 morceaux résument tout pour moi. C’est Reznor, à son apogée, mélangeant toutes ses influences et ces précédents albums en une seule oeuvre. NIN m’influence, soit. Mais je n’essaye pas du tout de faire ça. Je préfère prévenir les fans du groupe car ils seraient déçus. Personne ne peut faire du Trent Reznor, sa musique est trop personnelle pour être copiée. C’est aussi sur ce point que je m’identifie à lui d'ailleurs.



Comme je le disais avant, j’ai essayé de rendre la première écoute plutôt facile avec des synthés qui peuvent faire penser à Queen ou Depeche Mode. Mais avec plusieurs écoutes, en creusant un peu, il y a pas mal de choses plus complexes qui ressortent comme les lignes de basses, certains placements de guitare ou des breaks rythmiques. Ca fait des années que je suis tombé amoureux de la scène rock prog et psychédélique italienne des années 70 (l'album Darwin! de Banco Del Mutuo Soccorso !!!), donc forcément, naturellement, je compose parfois pas mal de trucs biscornus.



La musique de Broken Down est celle que j’aimerais écouter et jouer. Je n’aime pas m’ennuyer dans les deux cas. Donc je mélange instinctivement tout ce que j’apprécie : mon goût prononcé pour le Doom et les Stoner, des parties Hardcore ou Thrash sur lequels j’adore mosher, le travail des différentes voix et des choeurs qui sont certainement inspirés par tout ce qu’a pu faire Phil Anselmo, des rythmiques dansantes à la Scooter ou autres dance 90’s qui est passé dans mes oreilles étant gosse, des rythmiques plus mécaniques à la Ministry ou KMFDM, des piano psychédéliques comme sur le premier Dresden Dolls, du chant qui déraille à la Iggy Pop... Cela dépasse totalement le rock et le métal en tout cas. Il paraît même qu’ un riff de mes riffs hispanisant fait penser à une zik de Shakira !



6.Quels sont vos autres projets pour cette année ?

Je t’avoue que je ne sais pas m’arrêter et que j’ai déjà commencé à composer de nouveaux morceaux. Mais cette fois, je vais mettre toutes mes forces pour être encore plus patient et me forcer à prendre encore plus mon temps pour composer, enregistrer, bidouiller, mixer. Je suis un type pressé, il y a 10 ans je sortais 5 démos par mois. La peur de laisser un morceau inachevé, si quelque chose m’arrivait, m’a toujours poussé à être ainsi. Mais cela semble s’arranger, j’arrive à ne sortir qu’un album par an ! ha ha ha

A part ça il peut m’arriver de faire des remixes quand des occasions se présentent, comme par exemple pour l’album de remixes de S.H.I.Z.U.K.A, Between remixes, qui est sorti en mai 2015.



7.Merci d’avoir répondu à cette interview, je vous laisse le mot de la fin :

Prenez le temps de jeter une oreille à la musique de Broken Down, même si 20 secondes ne suffiront pas à vous en faire une idée.

L’album The Other Shore sera disponible dans son intégralité, dès sa sortie le 26 février, sur Bandcamp (https://broken-down.bandcamp.com/) et sur toutes les plateformes de streaming et de téléchargement. Et pour ceux qui préfèrent l’objet, une version digipack limitée et une version CD sont disponibles (respectivement à 7€ et 5€), ce qui permet d’avoir les paroles, les artworks, des stickers : l’album dans son entièreté !

original INTERVIEW - pavillon 666 - webzine metal rock


 




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