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Mise en ligne le : 03 janvier 2025  | Intervieweur : TomHunter | Traducteur :


INTERVIEW francaise - pavillon 666 - webzine metal rock
INTERVIEW TGOO par Tom pour Pavillon666


- Vos sources d’inspiration se dessinent en premier lieu chez Lovecraft, mais y a-t-il d’autres
emprises et instigations qui corroborent vos textes et atmosphères ?

Benjamin Guerry (guitare / chant) : Si on parle uniquement des textes, l’œuvre d’H.P.
Lovecraft est vraiment au centre de l’univers TGOO, comme si l’auteur était le sixième
membre du groupe. L’objectif est toujours de mettre en musique, à notre façon et selon notre
vision, les œuvres de maitre de Providence. Mais nous avons évidemment aussi nos
influences musicales diverses, que ce soit dans nos groupes fétiches de Black Metal tels
qu’Emperor et Enslaved, ou encore la musique classique et de films.
Tous ces éléments, ainsi que les sensibilités de chaque membre, ont créé notre son.

- Sur l’album « Kadath », le personnage de Randolph Carter part à la recherche de la cité
inconnue qui le hante. Pourquoi avoir choisi cette nouvelle de H.P. Lovecraft ?

BG : Quand j’ai commencé à composer les premiers morceaux, rapidement j’ai senti que cet
album allait avoir une dimension plus épique, et serait parfois un peu plus lumineux qu’à
l’accoutumée. Et cela m’a fait penser à « La Quête Onirique de Kadath l’Inconnue ». Cette
nouvelle est assez différente de celles par lesquelles Lovecraft est particulièrement connu,
car elle ne s’inscrit pas dans le « Mythe de Cthulhu » mais dans ce qu’on appelle « le Cycle
du Rêve ». Il y a, dans cette nouvelle, et dans les autres qui font partie de ce cycle, une
dimension plus poétique et plus merveilleuse. Lovecraft décrit aussi beaucoup plus les
choses, ce qui se ressent dans les textes. Cette dimension « fantasy », mêlée à des
éléments d’horreur, collait parfaitement aux premières notes, et nous nous sommes donc
embarqués avec Randolph Carter dans ce voyage.

- Le premier titre se compose de deux parties, il ouvre l’album avec un balayage complet
des aventures de Randolph Carter et un superbe accompagnement instrumental des
paroles. Comment l’avez-vous pensé, composé ? L’avez-vous écrit spécialement pour
l’ouverture de l’album ?

BG : Ce titre a été choisi dès le début comme étant l’ouverture de l’album. Il ouvre
parfaitement la quête du protagoniste, avec son rythme épique qui montre la détermination
de Carter à trouver sa cité tant rêvée. Pour être plus précis, ce morceau suit le début de son
aventure, jusqu’au moment il va se retrouver piégé, et s’envoler vers la lune, pensant que sa
recherche va se terminer là, emmené par les forces obscures de Nyarlathotep, le chaos
rampant.
On retrouve d’ailleurs très distinctement ces deux parties dans « Me, The Dreamer ». La
première est plus lumineuse, rapide mais presque enjoué, alors que la deuxième s’assombrit
fortement, devient plus violente, jusqu’à sa fin qui retranscrit un sentiment d’acceptation et
de beauté.

- Avec ce nouvel album, nous partons des abysses oniriques pour nous envoler vers un
univers cosmique qui promet fantasmagories et delirium, tout en rappelant des sensations
bien terre à terre, selon les écrits lovecraftiens. Comment avez-vous composé l’album, dans
quel état d’esprit le groupe a-t-il évolué au fil de sa conception ? Par ailleurs, tous les
membres du groupe ont-ils participé à la composition d’une certaine manière, comme le
souhaitait il me semble Benjamin Guerry ?

BG : Cet album a mis du temps à être composé, et le processus n’a pas vraiment changé.
J’ai une nouvelle fois proposé la très grande majorité de la musique. Cependant, cette fois-ci
mes acolytes ont été d’une grande aide lorsqu’à certains moments je me suis retrouvé
bloqué. Il peut arriver qu’à la moitié d’un morceau je ne sache pas commencer avancer. Eh
bien cette fois-ci, les autres membres m’ont envoyé des idées qui m’ont permis de lever
cette sorte de barrage, et de pouvoir amener un titre au bout. Il est parfois difficile de se
renouveler et cela a été d’une grande aide. De toute façon, une chanson n’est validée que si
tout le monde donne son approbation, et est transporté par la musique. L’état d’esprit était
donc excellent, plein d’échanges et de suggestions. Nous sommes tous très fiers du travail
accompli.

- L’aspect épique peut être plus identifiable sur ce nouvel opus, par rapport à l’aspect sombre
et tranchant des précédents albums, du fait de la longueur de la nouvelle et de
l’enchaînement d’aventures et de paysages avec un seul et même personnage, qu’on ne
retrouve pas dans d’autres (« Tekeli-Li » et le rendu sonore de la nouvelle du même auteur :
Les Montagnes Hallucinées). Cet aspect est-il partagé et si tel est le cas, qu’est-ce qui vous
a poussé à créer cet univers plus chevaleresque et héroïque ?

BG : Tu as tout à fait identifié la différence entre « Kadath » et nos précédents disques. La
musique reste du pur TGOO bien sûr, mais avec un mood plus épique. Comme expliqué plus
haut, cela est vraiment dû à l’histoire abordée. Il fallait proposer des morceaux qui appellent
à un voyage différent des autres albums. D’ailleurs, chaque fois que nous avons sortis un
nouveau disque, celui-ci était en adéquation avec son concept. « Cosmicism », autant dans
sa composition que dans sa production, se plaçait dans un cosmos froid et infini, « Tekeli-li »
dans les montagnes glacées de l’Antarctique, etc. Ici, il fallait que l’ensemble soit varié,
chaleureux, parfois sombre et désespéré, afin de suivre les émotions elles-aussi variées du
protagoniste.

- Après avoir beaucoup collaboré avec Jeff Grimal, vous avez fait appel pour ce dernier
album aux talents de l’illustrateur Jakub Rebelka et son pinceau ardent. Pouvez-vous
expliciter ce choix, cette rencontre ?

BG : Le choix de Jakub s’est fait via une opportunité vraiment sympa. Je faisais une
conférence sur Lovecraft et la bande dessinée, et j’attendais depuis un moment la sortie
d’une bd qui m’avait attiré l’œil : « Le Dernier Jour d’Howard Phillips Lovecraft » écrit par
Romuald Giulivo et illustrée par Jakub Rebelka. Les previews que j’avais aperçu m’avaient
scotché. J’ai donc contacté l’éditeur qui m’a très gentiment envoyé un exemplaire 15 jours
avant la sortie, que je puisse présenter l’œuvre lors de la conférence. Ensuite, cela m’a
semblé une évidence : il fallait que ce soit Jakub qui réalise l’artwork de « Kadath ». J’ai eu
la chance de pouvoir rencontrer l’équipe lors d’une séance de dédicace, de passer la soirée
avec eux, et de pouvoir présenter le projet à Jakub. Il a tout de suite été conquis par l’idée, et
a commencé à travailler dessus dès son retour en Pologne.
C’est un grand fan de Lovecraft et de Black Metal, donc il a eu carte blanche, et nous a
rapidement présenté le fruit de son travail. Nous l’avons tout de suite adoré. Il représente
parfaitement l’album, avec son contraste lumineux en premier plan, et plus sombre en toile
de fond. C’est un réel plaisir d’avoir travaillé avec Jakub, du fait de son humilité, sa
simplicité, et de son talent.
Jakub a eu carte blanche pour son travail sur l’artwork. Il connaissait très bien la nouvelle de Lovecraft et il a eu donc libre choix des éléments composant son illustration. Bon j’avoue, je lui avais quand même dit que ce serait bien que ce soit dans le même style que « Le Dernier Jour d’Howard Phillips Lovecraft », donc le choix du rouge vient sûrement de cela. Mais il fallait que ce soit sa vision.

- A rappeler que vous avez mis en place une tournée de ciné-concerts l’an dernier, avez-
vous la volonté d’illustrer sur scène votre musique par des cinématiques ou une
scénographie spécifique pour de futurs sets ? Dans tous les cas, où les cultistes pourront
vont (re)voir l’année prochaine ?

BG : Travailler sur de la video était vraiment lié au ciné concert, je ne pense pas que l’on
utilise les mêmes techniques en live. J’aime le fait de travailler sur de beaux tableaux
uniquement à base de lumière, cela laisse plus de place à l’imagination. Cependant, nous
mettons un point d’honneur à toujours avoir un show light qui mette la musique en valeur, et
qui permette au public de vivre le voyage avec nous.

- Empruntons à notre tour le chemin du rêve… Si THE GREAT OLD ONES devait choisir un
endroit, un monument, le lieu ultime où le groupe pourrait performer, quel serait-il ?

BG : Question difficile, il y en a beaucoup ! Mais je crois que pouvoir proposer un show à
Providence, lieu de naissance, principalement de vie, et de décès de Lovecraft serait un bel
hommage, et un moment très émouvant. J’espère que nous aurons l’occasion de faire ça au
moins une fois dans la vie du groupe.

- Le mot de la fin vous appartient, ces lignes sont libres d’expression. Me concernant, je vous
remercie pour votre temps et votre présence, car nous savons que les Grands Anciens ne
s’adonnent pas à ce genre de loisirs humains.

BG : Merci pour à toi pour cet entretien. Nous espérons que « Kadath » vous fera voyager
loin dans les contrées du rêve, et que vous ressortirez de la quête de Randolph Carter avec
toute votre santé mentale.
Dans tous les cas, continuez à rêver !

Merci.


original INTERVIEW - pavillon 666 - webzine metal rock




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