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PRIMORDIAL BLACK | ||
| Chronique liée : | |||
Lien du Groupe :
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| Audio : | |||
| Mise en ligne le : 29 mai 2025 | Intervieweur :
TomHunter
| Traducteur : |
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![]() Interview de Yasser Mahammedi-Bouzina (chant, guitares, programmation) : - Bonjour Yasser et merci de recevoir Pavillon 666 pour nous en dire plus sur votre formation. Pour celles et ceux qui ne connaissent pas encore PRIMORDIAL BLACK, pouvez-vous en faire la genèse ? Bonjour, merci à vous pour votre intérêt. Le groupe a vu le jour en 2022. À l’époque, j’éprouvais un besoin urgent d’exprimer et de canaliser une colère profonde, une rancœur que je portais depuis longtemps. La musique s’est imposée naturellement comme un exutoire. Dès le départ, j’avais une vision claire : mêler l’horreur cosmique de H.P. Lovecraft, l’obscurité suffocante du Black Metal, et les arcanes philosophiques de John Dee, Clive Barker et John Milton.. En tant que grand fan de Celtic Frost, Monotheist est un album qui m’a toujours servi de référence, notamment en termes de production. Comme beaucoup d’autres, on a connu notre lot de galères, notamment pour stabiliser le line-up. Mais on est restés concentrés sur notre objectif principal : enregistrer un EP et embrayer sur un premier album. Au fil du chemin, on a eu la chance de rencontrer des personnes exceptionnelles, certaines sont devenues bien plus que de simples connaissances. - Pouvez-vous exprimer le fond de votre thématique sur ce premier album ? On discerne de nombreux éléments évoquant le fantastique et l’occultisme, le temps aussi peut-être ? La thématique de Dark Matter Manifesto repose sur une urgence intérieure, un besoin de résister à l’engourdissement émotionnel, à la peur diffuse, à la lente déliquescence de l’esprit que l’on perçoit dans le monde actuel. Le fantastique et l’occultisme ne sont pas là pour décorer, ce sont des langages symboliques qui nous permettent d’explorer l’invisible, l’indicible. De mettre des noms sur des sentiments. Le temps, lui, est partout : cyclique, écrasant, fuyant. Il est à la fois malédiction et révélation. Ce disque est un rituel. Une tentative de transformation. L’obscurité que nous évoquons n’est pas seulement cosmique ou extérieure, elle est aussi intime : apathie, doute, perte de repères. Chaque titre est une réponse à cela, un acte de reconquête, un cri lancé dans l’abîme pour rappeler que même au cœur du néant, une volonté peut encore brûler. “Nous fixons des vertiges” comme dans la poésie de Rimbaud : Mettre en mots, donner forme à des sensations, des émotions, des idées qui sont difficiles à saisir, à exprimer ou à verbaliser. Il s'agit de capter l'inexprimable, le moment de flottement, d'instabilité, de vertige intérieur. - Le lineup est-il stabilisé actuellement ? Est-ce qu’un complément à ce niveau là pourrait vous diriger vers des projets de live, bien que vous ayez déjà l’expérience de la scène à ce que j’ai vu ? On a galéré avant de stabiliser notre line-up pour la sortie de notre EP. Et malheureusement, on a perdu deux membres durant la préparation de l’album. Ce qui a fait que Walid et moi avons du redoubler d’efforts pour tenir les délais de production que nous avions avec notre label. On a eu la chance d’avoir un prodige à la batterie en la personne de Selim Bouladi (qui joue avec Midnight Pin - https://www.facebook.com/midnightpin) qui a sauté derrière les fûts et fait des miracles sur tout l’album. Pour la scène, oui nous en avons déjà fait et on compte en refaire, on travaille sur cet aspect. - Des invités de marque se seraient immiscés sur ce premier album ? Voulez-vous nous révéler qui sont-ils et comment apparaissent-ils sur « Dark Matter Manifesto » ? Comment s’est passée la collaboration avec ces artistes ? Il faut déjà dire que c’est un immense honneur d’avoir deux artistes de cette envergure sur notre premier disque. Qu’ils aient cru en nous au point d’associer leurs noms au nôtre reste, pour nous, la plus belle des reconnaissances. Tout est parti d’un respect profond. Sakis Tolis est une figure majeure pour nous. Une évidence. Dès que Dark Matter Manifesto a pris forme, on a su qu’on voulait sa voix sur l’album. Grâce à notre label, Darkside Records, il a rejoint le projet bien avant l’enregistrement. Il a tout de suite saisi la dimension spirituelle du morceau. Sa voix a apporté une force sacrée, presque cérémonielle. Il a sublimé la piste. Maxime Taccardi, lui, partage notre attirance pour l’obscurité. Son art est brut, rituel, viscéral. Ce qu’il a créé prolonge l’âme de notre musique. Une œuvre miroir, féroce et honnête. Je suis particulièrement fier du fait que les deux m’ont laissé leur écrire leurs lyrics, chose qui est assez impressionnante pour le fan que je suis de leur travail. Chacun d’eux a apporté son feu. Grâce à eux, l’album est plus intense, plus habité. Comment composez-vous votre musique ? Concernant le mixage, le mastering, l’enregistrement, comment avez-vous fonctionné pour « Dark Matter Manifesto » ? Notre processus, c’est une danse entre méthode et chaos. On ne se voit pas souvent en dehors du studio, donc chaque session d’enregistrement est cruciale. Je veille à ce que tout le monde soit prêt en amont. Comme je l’ai mentionné, je compose seul à la base. Je construis un squelette, une structure brute, avec quelques idées d’arrangements, de lignes vocales, parfois des paroles. Mais je fais attention à ne pas trop verrouiller les choses. L’idée, c’est de laisser de l’espace à Walid pour qu’il puisse s’approprier le morceau, y insuffler sa voix, son énergie. Une fois en studio, tout s’accélère. On affine chaque riff, chaque couche de son, avec une rigueur presque chirurgicale… tout en laissant surgir une émotion brute, sans filtre. C’est cette tension entre la maîtrise et l’abandon qui façonne notre musique, une forme de chaos sculpté, précis mais viscéral. Et je le sais à chaque fois que je présente une idée à Walid : ça va sonner encore mieux que dans ma tête. - Vos influences musicales sont vastes dès l’écoute de l’EP « Monas Hieroglyphica » (2024). L’album qui suit est également marqué d’ambiances que l’on peut retrouver chez Celtic Frost ou Gaerea. D’autres emprises musicales vous ont-elles guidé sur la composition ? Clairement. Monas Hieroglyphica posait déjà les premières pierres de notre langage sonore, un équilibre entre spiritualité noire, violence contenue et tension dramatique. L’album prolonge cette vision, en l’assombrissant davantage. Celtic Frost est une influence fondamentale, surtout pour leur capacité à créer un malaise sacré, une noirceur presque liturgique. Gaerea, de leur côté, nous inspire par la sincérité viscérale de leur rage, leur manière de rendre le chaos profondément humain. Mais d’autres influences plus diffuses nous ont guidés. Des groupes comme Orm ou Ulcerate pour leur sens de la narration et du vertige. Des projets comme Deathspell Omega pour leur approche philosophique et dissidente du metal. Et dans un registre plus textural, certaines bandes originales de films ou compositeurs comme Krzysztof Penderecki ou Lustmord, cette idée que le son peut évoquer le sacré, l’abandon ou la terreur, sans dire un mot. On cherche moins à sonner « comme », qu’à canaliser une force. Chaque morceau est une incantation. Nos influences sont là, en filigrane, mais toujours au service d’un langage personnel, d’une tension qui nous appartient. - Quelle est la suite pour PRIMORDIAL BLACK ? Des idées commencent-elles déjà à germer pour un second opus ? Avec Dark Matter Manifesto, nous avons franchi un cap. Maintenant, on est prêts à plonger encore plus loin dans l’inconnu. La scène est clairement notre prochain terrain de conquête. On veut traduire cette énergie rituelle, cette intensité presque sacrée, en live, créer une véritable communion, brute et directe, avec le public. En parallèle, de nouveaux morceaux prennent déjà forme. On explore des territoires encore plus sombres, plus expérimentaux. On pousse plus loin le contraste entre la brutalité sonore et des thèmes spirituels, cosmiques, une tension entre chaos et éveil. Chez Primordial Black, le voyage n’a pas de fin. C’est une descente continue, un éveil progressif. L’abîme nous appelle, et nous comptons bien répondre. |
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