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Mise en ligne le : 06 septembre 2025  | Intervieweur : TomHunter | Traducteur :


INTERVIEW francaise - pavillon 666 - webzine metal rock
Bonjour et merci de m’accorder un peu de votre temps pour cette interview. Les années ont passé depuis vos dernières sorties (ici compilées pour notre plus grand plaisir). Ma première question serait alors : pourquoi avoir attendu aussi longtemps pour revenir sur le devant de la scène ?

Guillaume : Bonjour, et merci à toi pour l’interview ! Pourquoi avoir attendu si longtemps ? Il y a plusieurs raisons, je pense. Le groupe a eu une existence assez brève, entre 1990 et 1992, et quand l’histoire s’est arrêtée, on s’est un peu tous perdus de vue (sauf François et Franck, qui ont continué à faire de la musique ensemble, mais dans un projet pop-rock). À l’époque, il n’y avait pas internet pour garder facilement le contact sans forcément passer des coups de fil. Ensuite, on pensait tous que le groupe avait été oublié. Et puis, quand j’ai été recontacté à la fois par le label Xenokorp, pour une réédition de notre démo “Bound to Mutation”, et par la chaîne YouTube Voyage au centre de la scène, qui voulait réaliser une vidéo sur Dagon, ça m’a donné envie de reprendre contact avec François. De son côté, il avait justement envie de faire revivre le groupe. Bref, c’était un peu un alignement des planètes.




Un petit descriptif s’impose. Pouvez-vous nous retracer l’histoire de DAGON, vos début et le commencement du groupe ?

Alors, pour faire court, tout commence à Bruay-la-Buissière en 1990. À ce moment-là, François cherchait un coup de main pour monter son projet. Il a demandé à Franck (batterie) et Gérald (guitare), qui jouaient dans Reborn, de filer un renfort. Et c’est comme ça que Dagon est né. C’est à cette période que je les ai rencontrés, lors d’un concert de Coroner à Bruay que François organisait. Je suis arrivé début 1991 au chant, avec dans mes bagages le nom du groupe : Dagon, parce qu’à ce moment-là je lisais pas mal de Lovecraft. À partir de là, tout s’est enchaîné. On n’avait pas de bassiste, mais une grosse envie d’avancer. On a sorti une première rehearsal tape et, très vite, on s’est retrouvés sur scène avec Shud et Asshole, à partager l’affiche avec Agressor, Massacra, Samael, Nothingness… On a été plongés direct dans le grand bain. L’été 91, on enregistre notre première vraie démo, “Bound to Mutation”, au CMA de Valenciennes avec Stéphane Buriez (Loudblast) à la prod. L’accueil est super positif et ça nous permet enfin de recruter un bassiste, Laurent. Là, on franchit un cap : concerts avec Cannibal Corpse, Loudblast, Mercyless, Catacomb, The Young Gods ou Sadus … On a commencé à se faire remarquer, avec même un petit article dans Metal Hammer France. Mais après quelques revers auxquels on a donné trop d’importance je pense, comme des refus de label, une tournée avec Carcass en France et en Espagne qui tombe à l’eau, on a fini par se décourager. Et on a tout arrêté du jour au lendemain.




Votre volonté de jouer du death metal est donc apparue assez jeune. Qu’en est-il de la thématique lovecraftienne que l’on retrouve sur de nombreux titres ? Écoutez-vous également d’autres artistes oeuvrant sur ce sujet ?

La thématique Lovecraft, ça vient assez simplement : on en lisait énormément à l’époque. Quand il a fallu trouver un nom pour le groupe, j’étais justement en train de lire la nouvelle Dagon, et je l’ai proposé comme nom. Le côté sombre, mystérieux et inquiétant de son univers collait parfaitement avec l’ambiance qu’on voulait créer. Forcément, ça nous a aussi inspirés pour certains textes. Mais je tiens à préciser qu’on n’est pas un groupe « lovecraftien » au sens strict. Tous nos morceaux ne viennent pas de cet univers-là, même si son imaginaire reste une influence importante. À l’époque, on n’était pas les seuls à aller piocher chez Lovecraft : il y avait déjà pas mal de groupes de death metal qui s’y intéressaient. Morbid Angel ou Massacre aux États-Unis, et en France Catacomb à Marseille, par exemple. Aujourd’hui encore, je trouve intéressant de voir comment certains continuent à développer ça en profondeur. Un groupe comme The Great Old Ones, par exemple, eux sont vraiment entièrement lovecraftiens, et c’est hyper cohérent dans leur démarche.




Ayant tourné avec des formations reconnues dans la scène extrême, avez-vous le souhait de refouler les planches dans un futur proche ? Si oui, êtes-vous contraint à une zone géographique ?

À part une mini-tournée de quatre dates avec Shud et Asshole à l’époque, on n’a pas vraiment beaucoup tourné. Mais on a quand même eu la chance d’ouvrir pour pas mal de groupes marquants de la scène. On a par exemple joué à Bruay en ouverture de Cannibal Corpse et Loudblast pour la toute première date européenne de Cannibal, en Belgique avec Sadus, à Nancy avec Massacra et Samael, à Lille avec Mercyless et Catacomb, ou encore à La Seyne-sur-Mer avec Agressor. Que des super souvenirs. Quand on s’est reformés, mon pote Michael, qui programme au Black Lab à Lille, m’a dit : « Le jour où vous êtes prêts, je vous mets sur une date. » Et c’est comme ça qu’on s’est retrouvés à ouvrir pour Left to Die, Incantation et Agressor quasiment pour notre concert de reformation (on avait juste fait un warm-up à Béthune avant, avec Sumus Diabolus Incarnatus). Donc oui, on rejoue, et aujourd’hui la seule vraie contrainte, c’est plus l’agenda que la géographie. On étudie toutes les propositions, d’où qu’elles viennent.




Le public (jeune ou moins jeune) s’imagine alors dans quelle tranche d’âge vous vous situez. Aussi, avez-vous une opinion du metal français actuel par rapport aux années 90 ? Avez-vous des exemples de coutumes passées qui vous manquent de nos jours ?

Concernant la scène française, par rapport à la première période de Dagon où il y avait déjà pas mal de groupes, je trouve qu’il y en a encore plus aujourd’hui et que le niveau est vraiment monté. On a désormais des formations comme Gojira, Alcest, Gorod, Igorrr, Year of No Light ou The Great Old Ones qui tournent beaucoup, y compris à l’étranger, ce qui était assez rare à l’époque. Les groupes sont aussi beaucoup plus pros qu’avant, et les moyens techniques n’ont rien à voir. Aujourd’hui, on peut quasiment enregistrer un album entier sur un simple ordinateur, alors qu’à l’époque c’était beaucoup plus compliqué. La visibilité est aussi bien meilleure grâce au web. Et puis il y a plus de labels, ce qui manquait cruellement en France au début des années 90, même si ça s’est développé par la suite. Ce qui a disparu en revanche, c’est le tape trading. C’était par les échanges de cassettes qu’on découvrait de nouveaux groupes. On pratiquait aussi ce qu’on pourrait appeler le show trading : on avait fait venir Shud d’Avignon et Asshole de Nancy à Bruay, et en échange, ils nous programmaient chez eux à Avignon ou à Nancy. Aujourd’hui, tout est plus organisé et cadré, ce qui a ses avantages, mais ça avait un charme particulier à l’époque.




Pouvez-vous nous en dire plus sur le prochain et premier véritable album pour la formation DAGON ? La thématique visée ou encore le style employé, une production plus moderne envisagée ?

Ce sera probablement un mélange : des inédits de l’époque, des morceaux revisités et de vrais nouveaux titres. On a déjà une dizaine de morceaux en préparation, il nous reste à faire le tri pour garder une vraie cohérence. Ce que je peux dire, c’est que dans les nouvelles compos, on retrouve clairement la patte de François, qui a retrouvé toute la verve qu’il avait à l’époque. Et puis Caspar, Pierre et Valère, qui nous ont rejoints pour ce Dagon version 2, apportent chacun leur énergie et leurs idées. Tout ça mis ensemble, ça devrait donner quelque chose de vraiment intéressant !




Afin de mieux cibler votre position géographique, pouvez-vous nous dire quels groupes étaient présents à vos côtés il y a donc trente ans ? Connaissez-vous ou côtoyez-vous certaines formations récentes de votre région ?

Le groupe vient à l’origine de Bruay-la-Buissière, mais aujourd’hui on est plutôt partagés entre Lille et Béthune. À l’époque, on connaissait surtout les groupes présents sur la compilation Obscurum per Obscurius. Tout ce petit monde gravitait plus ou moins autour du magasin Underground Records à Lille. On était bien potes avec Supuration, Nocturnal Fears, No Flag, et avec Stéph Buriez de Loudblast, qui avait produit notre démo. On a même partagé un local avec Loudblast pendant un petit temps. Aujourd’hui, dans le Death Metal, j’aime beaucoup ce qui se fait avec des groupes comme Skelethal à Lille ou Frakasm à Dunkerque. On est aussi proches de Sumus Diabolus Incarnatus de Lens et d’In Purulence de Béthune, et on a déjà joué avec Mürrmür de Calais, dont le concert m’avait vraiment marqué.




Une anecdote croustillante sur une date où vous avez joué ?

Croustillant, je ne sais pas… mais à l’époque l’Aéronef, la grosse salle de Lille, offrait systématiquement des premières parties aux groupes locaux. Nous, on est tombés, en octobre 1992, avec The Young Gods et The Cranes, un groupe gothique en vogue à l’époque. Quand le tour-manager de The Cranes a apprit qu’il y avait un groupe de metal à l’affiche, il a tout fait pour nous empêcher de jouer. Devant le refus de l’Aéronef de nous retirer de la programmation, il a décidé de faire jouer The Cranes avant nous, sûrement pour nous ridiculiser, nous, pauvre petit groupe local. Au final, le concert s’est très bien passé, et en sortant de scène, le claviériste de The Young Gods est venu me féliciter pour notre show. Un bon souvenir, finalement !




J’ai lu que vos influences vont de Death à Kreator, de Blood Incantation à Mercyless,… Comment décrieriez-vous votre musique en ce sens ?

À l’époque, on avait notre propre style : du Deathrash ! Je trouve que ça nous correspond bien. On fait du death metal, mais avec de fortes influences thrash. Notre album de chevet, c’était Beneath the Remains de Sepultura. On a envie de faire revivre cette époque où le death metal n’était pas encore tout à fait du death metal, et le thrash metal plus vraiment du thrash. C’était un moment où les genres se mélangeaient, et c’est exactement ce qu’on cherche à retrouver aujourd’hui.




Merci infiniment pour cet échange. On espère vous revoir très vite sur scène et sur album. Bonne route !

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