INTERVIEWS

P666 : Nous espérons tous que le livre pour lequel tu as tant oeuvré saura capter un maximum de personnes. D’ailleurs, un ouvrage rassemblant des éléments d’une période précise attise-t-il les metalleux qui ont participé ou connu cette époque ou remarques-tu également des profils tout autres, qui s’intéressent à ton travail d’archive ? Une tranche d’âge en ressort particulièrement par rapport aux ventes ?

Dom : Tout d’abord, je tiens à saluer l’intérêt que tu portes à mon livre « 2001-2007 LES ANNÉES HAMMER » et te remercier pour toutes ces années de soutien de Pavillon 666 envers HAMMER OF GONES.
J’ai commencé ce projet en 2021 pour occuper ma convalescence post-opératoire. J’avais envie de partager en détail le cheminement qui a amené à ces bons moments qu’on me rappelait sans cesse lors des concerts. J’avais aussi l’occasion de me libérer de certains aspects incompris par les personnes qui ne connaissent pas mon implication discrète dans l’association, tant Stéphane avait capté l’attention par sa sympathie communicative.
J’ai aussi, lors de la mise en vente, voulu remémorer, rassembler et remercier les bénévoles en leur offrant à chacun un exemplaire. C’est pourquoi je suis passé par un financement participatif via Ulule. Je n’ai pas d’intention de faire de ce livre un objet commercial et de profit mais d’arriver à un équilibre pour ne pas perdre d’argent.
J'ai pour l'instant eu d'excellents retours de la part des metalleux et des spectateurs de l'époque qui se sont littéralement replongés dans ces années en revivant ces moments avec une vague de souvenirs qui leurs remontent en mémoire. J'en atteste par toutes les anecdotes que j'ai eues depuis et qui auraient abondamment fait augmenter le nombre de pages, déjà conséquent, si je les avais connues lors de la rédaction. J'ai aussi été intéressé par l'avis des non-metalleux. Ils ont trouvé la lecture agréable même s'ils n'ont pas forcément pu se plonger dans l'ambiance des concerts. Le live, ça se vit.
La tranche d'âge des lecteurs est forcément celle des plus de 40 ans. J'ai tout de même demandé à ce que leurs enfants ados ou adultes me remontent leurs avis mais je n'ai pas eu de retour.

P666 : Peux-tu nous dévoiler succinctement le processus de fabrication des “Années Hammer”, établissement du projet, réflexion de financement, archivage, édition,… ?

Dom : Comme je l'ai abordé précédemment, j'ai eu une opération sérieuse en 2019 et j'ai été en arrêt de longue maladie pendant près de deux ans. Pour m'occuper, j'ai commencé par réaliser un vieux projet de BD que j'ai commercialisé, en autoédition, début 2021. J'ai ensuite embrayé sur la rédaction de ce livre. Je me suis basé sur la trame historique que j'avais tenu sur le site internet de l'association http://hammer.of.gones.free.fr/. J'avais dès le début une conception chronologique de l'histoire. J'ai donc fait des chapitres par année. J'ai ensuite intégré chaque date de concert comme des étapes. Je me suis replongé dans mes souvenirs et mes archives pour écrire ce qui s'était passé avant et après chaque concert. J'ai ajouté quelques photos "live" et ma chronique de l'époque. J'ai écrit un prologue sur ce qui m'a amené à écouter du métal en général puis du métal extrême en particulier. J'ai eu en main un manuscrit de près de 300 pages que j'ai fait relire à des proches, anciennement bénévoles de l'association. Après leurs retour mitigé, j'ai tout reconstruit. C'était décousu, alors j'ai tout réorganisé et réécrit au présent, dans l'ordre chronologique, pour chaque année. Pour libérer de la place, j'ai mis les photos et les chroniques en annexe. Pour me consacrer au vécu, j'ai créé un chapitre spécial "L'envers du décor", où je reviens sur les aspects techniques et administratifs récurrents par thématiques. Libéré de la mise en page, j'ai pu ajouter des photos de chaque groupe sur scène en annexe ainsi que des photos des bénévoles en action (ou pas). J'ai obtenu un bon paquet de 600 pages. En ajoutant les marges imposées par l'édition et la table des matières, je suis arrivé à un total de 686 pages, prêtes à l'impression.
Il a ensuite fallu étudier les tarifs proposés en fonction du nombre d'exemplaires. Après plusieurs tableaux Excel de comparaison, je me suis orienté vers un imprimeur français, Obiprint, pour 50 exemplaires.
J'ai alors répertorié le nombre d'exemplaires à offrir.
Il ne me restait plus qu'à le mettre en vente. Facile. Eh bien non. L'hébergeur Internet que j'avais utilisé pour vendre mes BD a considérablement augmenté ses tarifs et j'ai dû abandonner la vente en ligne sur ce site. Il me fallait une autre solution. Helloasso me demandait des justificatifs que je ne pouvais pas fournir. Après plusieurs essais, je me suis orienté vers Ulule.com pour présenter mon projet de financement. J'ai alors imprimé des affiches et des tracts à distribuer. J'ai aussi envoyé près de 2000 mails sur des adresses qui se sont avérées obsolètes. Eh oui, les contacts dataient de plus de 20 ans.
Entre mars et avril, je suis arrivé à motiver 26 achats sur 50 pour 12 exemplaires offerts. J'ai financé le reste pour lancer l'impression des 50 livres. J'en ai ajouté 20 hors campagne.
Quand j'ai reçu les premiers cartons, j'étais libéré d'un poids. Il ne restait plus qu'à tout distribuer aux destinataires. Parmi eux, Benn, ancien bénévole trop heureux d'avoir un retour de son engagement, m'a proposé que sa boutique Obscure Essence, à Lyon serve de point de vente physique.

P666 : J’ai cru comprendre que tu avais également chroniqué pour une radio, peut-être même pour un webzine ou autre ? Quel souvenir en gardes-tu ?

Dom : J'ai effectivement écrit des chroniques de CD puis de concerts pour l'émission de radio CHAPEL OF GHOULS animée par Jeff. Sa station de radio est devenue un autre lieu où j'ai rencontré des métalleux lyonnais après mon installation à Lyon. J'aimais bien ça. J'avais parfois des invitations pour aller voir gratuitement des concerts et, avec Jeff, j'avais un accès aux loges. C'est d'ailleurs ce qui m'a donné l'expérience pour créer HAMMER OF GONES.
J'ai aussi été sollicité en 2022 par Soil Chronicle pour écrire des chroniques d'albums essentiellement et concerts sous réserve. Mais l'expérience n'a pas duré.

P666 : Hammer Of Gones t’a permis de faire grandir une scène locale qui était en plein essor. Compte tenu des formations qui ont débuté auprès de l’association et qui foulent actuellement les scènes à l’international, comment te sens-tu avec le recul par rapport à cette évolution ?

Dom : Je n'ai rien à voir avec leur succès. J'ai simplement souhaité les soutenir à leurs débuts. Elles ont su être et rester à la hauteur toutes ces années et je m'en réjouis. Je regrette presque que d'autres n'y aient pas survécu alors qu'elles avaient du potentiel. Je souhaite encore une longue vie, dans l'ordre d'entrée en scène pour HAMMER OF GONES, à DESTINITY, à HYSTERIA, à BENIGHTED à ANKSUNAMON et à HIMINBJORG.

P666 : Une évolution telle, que désormais, des associations et sociétés de toutes tailles continuent de tisser la toile métallique sur Lyon (Moonfog Productions, Sounds like Hell, Mediatone, pour ne citer qu’elles). Constatant cela, remarques-tu des points de différences dans les structures actuelles et celles qui entouraient HOG il y a vingt ans ?

Dom : Je ne connais pas ni leur histoire, ni leur structure, ni les difficultés qu'elles ont rencontrées. Comme je le fait remarquer dans le livre, la principale difficulté était l'accès aux salles. Avec l'évolution actuelle, la place des associations non lucratives risque d'être de plus en plus difficile.

P666 : Plus personnellement, as-tu d’autres passions ou hobbies ?

Dom : Un peu trop d'écrans (TV, ordinateurs et associés) ! Sinon, j'adore déguster des petits plats de partout et passer de bonnes soirées ludiques avec des amis.

P666 : Le metal faisant partie de ta vie depuis ton plus jeune âge, as-tu des groupes coups de coeur sur ces dernières années ? Suis-tu les nouvelles sorties via des magazines, radio ou autres médias ?

Dom : C'est malheureusement un de mes points faibles. Je ne trouve plus beaucoup d'intérêt dans les groupes et les styles de métal actuels malgré mon attachement à acheter encore des CD. Nous nous en moquons régulièrement avec des amis en attribuant l'adjectif "core" à tout ce que je n'aime pas. Je ne parle même pas du métal "qui se fume" ou "plus lent que lent". Je me rabats donc sur les vieux groupes encore vivants.

P666 : Comment peut-on se procurer le livre ?

Dom : Un livre ? Ah oui, le livre précédemment cité tout au début. Il a pour titre « 2001-2007 LES ANNÉES HAMMER ». Tout est expliqué sur la page http://hammer.of.gones.free.fr/livre.html . Où, quand, comment, combien. Le tout actualisé en fonction de l'état des stocks. Au moment où j'écris, il en reste encore. Quand il n'y en aura plus… Y'en auras plus.

P666 : Merci Dom pour ton travail et cette passion incommensurable. Tu as marqué l’histoire de la ville de Lyon et par extension contribué à l’histoire du metal en France. Au plaisir de se recroiser dans les salles obscures.

Dom : Merci encore à toi. Merci à tous ceux qui ont participé à nos concerts. Merci à tous ceux qui soutiennent la scène metal avec leur passion. Merci à tous ceux qui continuent à soutenir la scène metal en général. Et bonne lecture.