Le digipack que nous propose Derealized est un bel objet. Pour ce premier opus, Le groupe a misé sur un artwork chargé de symboles avec sa dominante bleue. La nature se mêle à un romantisme sombre et ésotérique de manière subtile, qu’en est-il de la musique ? Elle aussi est subtile, mais surtout agressive, sombre, technique, bref vous l’aurez compris, Derealized a pris soin de nous proposer un disque ambitieux et travaillé. Un arpège de guitare, qui introduit une ambiance sinistre, ouvre l’album, prélude d’une musique résolument dense, rapide et fournie.

Dans une veine black-death, le groupe compose des ambiances funèbres et evil, typique du black metal, au sein d’une musique dont les structures sont résolument plus death. Pour situer, on peut rapprocher le groupe de formations telles que Centurian, Belphegor, Behemoth ou encore Arkhon Infaustus.

Là où Derealized se démarque du reste des formations précitées, c’est dans l’initiative de proposer des structures résolument plus modernes, avec des mises en place alambiquées. À ce sujet, mention spéciale au travail du batteur qui effectue un boulot remarquable tout au long du disque. La voix est très agressive, torturée et colle parfaitement à l’ambiance musicale. La chanteuse du groupe possède un grain et une hargne qui n’a rien à envier aux poilus qui officient habituellement à ce poste.

La guitare est bien mise en valeur et construit des riffs variés, des harmonies mineures sataniques, des accords dissonants, des arpèges techniques diminués, toute cette diversité étant bien calibrée, ces éléments n’alourdissent jamais la musique.
Je précise que le guitariste joue sur une guinde fabriquée par le luthier français Hugo Mermet, reconnu pour fabriquer des instruments de qualité, qui séduisent particulièrement les métalleux de par leur son moderne, précis, et par leur jouabilité.
Revenons à la musique, des passages en son clair et des guitares acoustiques interviennent pour nuancer l’album sans jamais affecter sa dynamique. Au contraire, ces multiples ambiances sont toujours bienvenues. La basse trouve également sa place et apporte de la profondeur à l’ensemble.

La production de l'album consolide l'ensemble, avec un traitement du son résolument actuel. Le mix met en valeur la densité musicale tout en permettant à l'auditeur de distinguer la moindre nuance et autorise ainsi plusieurs degrés d'écoute.

Isolation Poetry est un bon premier album, le résultat de musiciens impliqués et ambitieux. De nombreux éléments jalonnent ce disque sans en altérer l’unité, ce qui ajoute une touche progressive à l’ensemble. Ses nombreux composants appuient les thématiques annoncées par la pochette. Résolument moderne, le black-death de Derealized est à la fois divertissant et introspectif. Un bon début qui place la barre déjà haut.