Admiral Angry fait partie de ce genre de groupes qui en ont dans le pantalon. Après le décès tragique de leur guitariste Daniel Kraus en Février, le groupe qui partage plus de la moitié de ses membres avec Black Sheep Wall enfonce le clou et se détache grâce à leur premier album « Buster » loin au-dessus de la masse grâce à un extrémisme musical franc et poussé. Bienvenue dans un monde où les guitares sonnent plus grave que ta basse cinq cordes et où on ne s'exprime qu'en hurlant plus fort que Jacob Bannon. Sans déconner.

« The buildings are tumbling under the airstrike, Mastodon have retreated through the crack in the skye, the ground is crumbling away – everything is broken and twisted – Obama has pee'd his pants and run home to mommy! » C'est en ces termes que présente sa musique Admiral Angry à travers son press-book, reçu avec « Buster ». Inutile de vous faire languir, la bande de tarés qui forme cette odieuse formation pourrait jouer sur la Bande Originale Officielle de l'Apocalypse. Guitares ultra-graves, batterie dépouillée, basse distordue, voilà la composition de l'orchestre qui joue ce mélange psychotique entre Meshuggah, Khanate et, bien sûr, Black Sheep Wall. La lenteur inéluctable des compositions se frotte au monolithe sonique qui compose leur spectre sonore. En un mot, le son est et outrageusement et inexorablement LOURD. Très lourd. Par ailleurs, histoire de compléter l'affaire, le micro a été confié à un des chanteurs au hurlement le plus torturé de son époque, le genre de maniaque à situer quelque part entre la voix écorchée vive de Jacob Bannon de Converge et la folie incontrôlée d'Alan Dubin de Khanate... La chanson « Bug Vomit » met en avant son organe vocal avec la batterie lancinante pour tout fond sonore.
D'ailleurs ceux à qui mes références évoquent quoi que ce soit n'auront aucun mal à se faire une idée de ce qu'un psychopathe pareil peut déchaîner sur un tel disque.
Mais il ne faut tout de même pas les prendre pour des monstres, les Admiral Angry prennent soin de leurs auditeurs et disséminent dans « Buster » quelques interludes/samples avec parcimonie en guise de fugaces moments de répit... Mais saisissez-les vite au vol car les tonnes de poids sonique retombent immédiatement sur nos crânes sans crier gare. Un exemple? Si par hasard un solo de batterie intelligemment placé sur « Android » libère furtivement de l'oppression sonique, c'est pour enterrer aussitôt les candides oreilles sur « Specimen On » avec un blastbeat rageur. L'Amiral est furieux et il compte bien le faire savoir.

Cet album possède un caractère rare et indéniable qui catalyse le talent des musiciens. La bande de fous furieux est lâchée, et ce pour notre plus grand bonheur. Fermement agrippé à votre fauteuil vous vous en sortirez peut-être mais méfiez-vous car Admiral Angry frappe lentement mais implacablement. Si vous ne craignez pas la lourdeur dans la musique extrême précipitez-vous sur « Buster », l'album ultime de ce genre cette année.