Dans la grande famille du doom, n'oublions pas l'Amérique Latine qui nous rappelle qu'il existe au Chili une formation méconnue qui pourtant œuvre dans la douleur du style depuis 1992. Il s'agit de POEMA ARCANUS, quatuor de la région de Santiago qui se présente à nouveau devant nous avec un quatrième opus intitulé « Timeline Symmetry » pour qu'on lui ouvre enfin les portes de la reconnaissance dans le style. Alors, si vous avez raté « Arcane XIII » en 1999, « Iconoclast » en 2002 et « Telluric Manifesto » en 2005, il serait temps de prêter attention à ces musiciens de talent.

« Timeline Symmetry », c'est un pavé de mélancolie jeté dans la mare d'un désespoir poétique et musical. Si au départ les musiciens Chiliens étaient fortement influencés death et même grind, ici au bout de bientôt 20 années d'évolution, ils nous engluent dans un monde doom dépressif que ne renierait pas MY DYING BRIDE évidemment.
Mais ne nous arrêtons pas en si bon chemin. En effet le point fort de POEMA ARCANUS, c'est le chant ou les chants qui vont du phrasé particulier d'un Scott « Wino » Weinrich (ST VITUS, THE OBSSESSED) aux vocaux d'un CANDLEMASS en passant par le death guttural d'un EVOKEN. Large palette me direz-vous, mais le doom/death étant un art relativement difficile à exécuter il faut bien tout cela.
Côté musical c'est plutôt lourd et mortuaire avec bien entendu une basse écrasante, des riffs tranchants, des ruptures de rythme incessants. Chemin musical désespéré, cortèges lugubres, incantations névrotiques, théâtre des angoisses qui vous tord l'estomac. Et puis il y a des périodes de calme acoustique pour des narrations inspirées, pour des ambiances profondes bien dans l'âme latino sud-américaine. De temps en temps des coups de boutoir heavy-death vous sortent d'une certaine léthargie funèbre instaurée depuis l'intro aux bandonéons tristes.

Bien sûr il vous faudra de nombreuses écoutes avant de pouvoir « digérer » le tout qui est un « mets » musical et émotionnel très riche et bien consistant. Mais une fois la torpeur musicale progressive et pachydermique de la « digestion » terminée, vous n'aurez plus qu'une envie c'est d'appuyer à nouveau sur la touche « play » pour replonger dans les ambiances glauques de « Timeline Symmetry » et vous laisser embarquer au pays du doom épique.