Un petit conseil avant toute chose: couvrez-vous bien! Aujourd'hui, nous partons dans le froid en compagnie de DER WEG EINER FREIHEIT. Un blizzard glacial va donc s'abattre sur nos terres. C'est de saison me direz-vous, mais quand même...

Bien que tout récent, ce projet formé par deux anciens membres de FROSTGRIM n'aura pas perdu de temps. En moins de deux ans, ces derniers se seront fait remarquer par "Viva Hate Records", auront partagé la scène avec WOLVES IN THE THRONE ROOM, et accueilli un nouveau membre en la personne de Christian, batteur live pour HEAVEN SHALL BURN.
Alors, afin de sceller ces nouvelles collaborations, ce premier album auto-produit et sorti en 2009, fut donc ré-enregistré par la formation, au complet cette fois.
Mais quelle bonne idée! Surtout en sachant qu'un titre bonus vient s'y ajouter, le tout, disponible en plusieurs versions limitées.
DER WEG EINER FREIHEIT ou "Le chemin de la liberté" s'avance devant nous, allons-y...

Des paysages froids, des sentiers tortueux et obscures touchant de près à la lumière, voilà les images qui nous viennent à l'esprit, à l'écoute de ces huit titres sombres et épiques.
Mais ce qui est surtout très marquant, c'est cette émotion incroyable qui se dégage de leur musique, car si les sentiments de mélancolie et de tristesse prédominent, ils sont sans cesse associés à cette lueur d'espoir et de sérénité.
Et en s'arrêtant justement sur le nom des titres et la teneur des textes, on s'aperçoit vite qu'ils sont en accord parfait avec la musique, représentant cette quête de pureté et de paix. En nous ramenant aux productions Scandinaves des années 90, une grande nostalgie ne cesse de planer autour de ce "Black Metal" atmosphérique et conquérant.
Ainsi, de nombreuses images évocatrices défilent à mesure que les minutes avancent, le blizzard apparaît avec "Ewigkeit" ("éternité") et ne nous quittera plus. Ce premier titre hautement émotionnel est aussi empreint d'une âme guerrière, de par ses perpétuels blasts et cette voix déchirante, amenée par Tobias "Bär". D'ailleurs, quelque soit le morceau, les riffs de Nikita Kamprad se suffisent à eux-mêmes, développant un climat chargé d'émotion sans une once de clavier.
Quelques éclaircies apparaissent avec "Spätsommer" et "Aurora". Très aériennes, ces deux instrumentales comportent également ce sentiment de fierté, de bravoure et d'espoir.
"Frei" est plus noir et meurtri, tout en restant furieusement mélodique. Quelques ralentissements guidés par des cris torturés nous emmènent vers une lutte dont le dénouement reste incertain.
Par des arpèges pesants, les premiers accords de "Zum Abschied" restent dans le ton avant de sonner le glas de cette atmosphère intrigante pour partir dans une sombre envolée mélodique désespérée et poignante.
L'introduction acoustique et les variations de tempo présents sur "Welk" n'enlèvent à rien à la brutalité de ce morceau. Même pas ce court solo interrompu par une redondance épique qui finira comme elle a commencé, c'est à dire par quelques notes mélancoliques. "Neubeginn" signe un "nouveau départ" dans une progression très diversifiée, majestueuse et épique. En survolant avec force et conviction cet environnement très rude, ce titre donne vraiment l'impression d'affronter ce fameux blizzard.
Laissant une dernière trace de cet éprouvant périple, la libération arrive enfin avec "Ruhe" ("paix") qui nous entraîne dans un tourbillon de roulements nerveux et de riffs glacials.
Cette ultime piste nous laisse devant les premières rayons du soleil... un apaisement semble alors envahir la fin de cet album.

Faisant preuve d'inspiration et de maturité, les allemands placent la barre très haute avec ce premier opus. On pourrait toutefois leur reprocher un manque de variation concernant la batterie et quelques imperfections ici et là. Mais qui a dit que la perfection existait?
Ou encore qu'elle donnait plus d'intérêt à la musique?
Car dans le cas contraire, porté par une production "sans défauts", je ne suis pas sûre que l'impact aurait été le même.
Et s'il y a bien une chose que l'on ne peut leur enlever, c'est ce flot d'émotions qui envahit cet album. Ceux qui recherchent du "Black Metal" froid, torturé, conquérant, entêtant et lumineux seront servis. Ce disque est fait pour vous!
Et dire que celui-ci a failli ne jamais traverser nos frontières...
On dit merci qui? Merci "Viva Hate Records"!