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Mise en ligne le : 26 mai 2025  | Intervieweur : Frozen | Traducteur :


INTERVIEW francaise - pavillon 666 - webzine metal rock
Depuis quelques temps, les sorties des albums de Mindlag Project sont de plus en plus espacées. Il a fallu attendre 8 ans entre Mindlag Project et Clinamen et 8 ans entre Clinamen et Exophronicon. Pourquoi le rythme a-t-il ralenti au sein du groupe ?

Manu : Il y a plusieurs raisons à cela, mais c'est assez indépendant de notre volonté. Concernant cet album, la première raison fut le changement de line up, qui est intervenu au milieu du processus de création, car Mathieu, le chanteur originel du groupe a décidé de quitter le groupe, et nous avons mis un moment à savoir sous quelle forme nous allions continuer. A ce moment-là, avec mon frère nous jouions aussi dans une autre formation, Rescue Rangers, qui nous a pas mal occupé. Mais finalement Fabien, le frère de Florent notre bassiste, s'est proposé pour prendre la relève de Mathieu, ce qui a été une véritable renaissance pour nous, car bien qu'il ait une voix assez différente de Mathieu, elle comporte assez de similarités pour que nous puissions continuer à jouer les anciens titres en gardant l'esprit originel du groupe.

Tout cela nous a pris pas mal de temps, mais c'est aussi le fait d'avoir opté pour l'autoproduction, qui a fatalement induit qu'il faille plus de temps pour la création. Puisque par ailleurs, la technique son est mon métier, j'ai décidé d'investir dans plus de matériel pour que nous soyons autonomes, et capables de plus de flexibilité au regard de nos agendas respectifs. Cela a forcément pris du temps d'élaborer une nouvelle méthode, mais je pense que ce fut le bon choix, car cela nous a permis de transformer l’essai, et à l'avenir cela sera plutôt un gain de temps.

Mais la véritable raison de ce délai, c'est le fait que mon frère Julien ait dû se faire opérer de l'épaule, et n'ait pas pu jouer pendant plus d'un an. Nous avons donc attendu qu'il se remette pour pouvoir assurer le concert que nous avons donné à l'occasion de la sortie de notre nouvel album. Il a préféré ne pas en parler à l'époque, mais comme il doit se faire réopérer, nous allons devoir nous adapter pour proposer quelque chose de différent en attendant qu'il se remette.

Comment s’est déroulé le processus de composition d’Exophronicon ? A-t-il été linéaire ou chaotique ? À la base, le disque devait sortir fin 2023. Pourquoi ce retard ? Que s’est-il passé ?

Le processus de création a été très participatif comparé aux albums précédents. Chacun a pu apporter ses idées, la technologie aidant, il est désormais plus simple de partager nos idées et de les faire évoluer à distance. Ça n'a pas été du tout chaotique, au contraire, cela a été l'occasion pour nous d'élaborer de nouvelles méthodes, et d'explorer de nouvelles choses d'un point de vue conceptuel. D'ailleurs le fait d'avoir cette histoire à raconter depuis le début est quelque chose qui nous permet de nous recentrer constamment.

Concernant le retard dans la sortie, comme je l'expliquais plus avant, c'est un enchaînement de choses qui ont fait que la sortie de l'album a été retardée, mais nous ne l'avons pas perçu comme une absence de notre part, puisque nous avons travaillé sur 4 singles, tous accompagnés de clip, sur lesquels nous avons été en autonomie aussi, mis à part le premier « Exophronicon », qui a été réalisé par notre ami Robin Levet, pour Edza Films. Nous avons préféré bien exploiter chaque titre en amont, car c'était notre défaut par le passé, de ne pas avoir ce travail de communication préalable. Mais à la base, nous avions prévu de sortir un single tous les trois mois, puis ensuite l'album. Ça a pris plus de temps, mais au moins nous avons avancé, et mis en place une stratégie. Je pense que cela va justement nous permettre de prendre moins de temps à l'avenir.

Aviez-vous une vision claire du résultat final dès le départ, ou l’album a-t-il évolué en cours de route ?

Nous avions une vision assez claire, car tout part de notre concept. Nous savions comment nous allions faire évoluer l'histoire, puisqu'elle était induite par celle de notre précédent album Clinamen. Dans cet album, notre héros Jon avait été incarcéré pour violence physique aggravée dans un bar. Cela nous avait permis d'explorer le thème de l'enfermement, de la justice, et de la contrainte libératrice. Dans ce nouvel album, nous assistons à une nouvelle descente aux enfers de Jon, et cela décrit le moment où il décide de devenir une sorte de gourou, à la tête d'une secte tueuse, qui n'est autre que Mindlag Project. Toutes les chansons ont un lien plus ou moins direct avec ça dans cet album.

Comment s’est organisée l’écriture entre les différents membres du groupe ? Qui a fait quoi et quelle est l’apport des autres ?

Cet Album a été plus collaboratif que les précédents, tout le monde a participé activement à l'écriture. Mon frère est arrivé avec certains titres maquettés comme çà a été le cas pour Triumvirat, que j'ai ensuite terminé et arrangé. Parfois c'est juste une idée, un riff de départ, ou un texte qui permet de faire germer une chanson, il n'y a pas vraiment de règles. D'autres titres, comme « Cast a shadow », ont vraiment été écrit à plusieurs mains, et j'avais des titres déjà quasiment terminés aussi, notamment « 10h57 ». Mais nous travaillons chacun nos parties respectives, et le studio nous permet toujours de choisir la meilleure option pour servir la chanson, ça se fait assez naturellement je pense. Ça a été le cas de toutes les lignes de basse que nous avons peaufinées avec Florent, pour garantir la meilleure assise possible aux chansons. Il a d'ailleurs opté pour une basse 5 cordes sur certains titres, ce qui est un changement significatif dans notre son je pense.

Encore une fois, Exophronicon s’articule autour du personnage de Jon De Grimpclat. D’où vient cette figure ? Quelle est son origine ?

C'est en effet le personnage central de notre musique, qui est apparu concrètement pour la première fois dans notre deuxième album Skylla, car il est le protagoniste dont parle la chanson « Doomsday », qui décrit la traque d'une de ses victimes. Jon est un tueur en série, mais il a la particularité d'avoir une double personnalité : il est un professeur de grec ancien et de latin, et un véritable dandy. Il vit dans le manoir familial dont il a hérité de son grand-père Fyodor. Mais la nuit tombée, il se transforme en un prédateur féroce, qui redouble d’ingéniosité pour mettre en scène des meurtres rituels, avec l'aide de ses disciples, qu'il recrute grâce à son aura mystique et sa force de persuasion.

Il vénère une divinité nommée Mekhrath, qu'il invoque par le biais d'un très vieux grimoire, l'Exophronicon, qui est relié avec de la peau humaine, et qui est composé de textes occultes en grec ancien, permettant d'invoquer son mentor. Il a trouvé ce livre dans un recoin caché de son manoir, et il appartenait à Fyodor. Son père Rurik, lui a très peu parlé de son grand-père, en lui disant seulement que c’était un vieux fou, qui avait perdu la raison à cause d'une blessure de guerre causée par un éclat de Shrapnel pendant la première guerre Mondiale (ce que nous évoquons dans la chanson Shrapnel d'ailleurs). Fyodor portait lui aussi un masque, à cause de sa blessure qui l'avait dévisagé. Tout semble indiquer qu'il a fait des choses horribles lui aussi, et que son fils Rurik a tout fait pour le dissimuler à Jon.

Jon porte un masque de peste, comme pour soigner le monde de la vermine, et il l'a fabriqué lui-même avec la peau de plusieurs de ses victimes. Il rode souvent la nuit au volant de sa TVR Cerbera, sur laquelle il a installé une sorte de guillotine amovible, avec laquelle il fonce, phares éteints, sur certaines de ses victimes... Mais il ne manque pas d'imagination pour éliminer les personnes qu'il estime nuisibles, selon ses propres critères.

Vous jouez avec plusieurs styles : death, thrash, hardcore… C’est instinctif ou très réfléchi dans la manière de composer et d’appréhender les morceaux ?

Je dirais que c'est plutôt instinctif, car nous choisissons surtout de créer des ambiances qui collent à l'histoire que nous racontons. Et puisque nous aimons vraiment le Metal au sens large, nous ne nous formalisons pas sur le fait d'appartenir à un style prédéfini. Cela nous libère, et nous permet même parfois de sortir des bornes de ce style, je crois.

Comment s’est passé le travail sur les arrangements, notamment les interludes instrumentaux ?

Fabien est arrivé avec l'interlude « Eros & Thanatos », que nous avons trouvé magnifique et nous ne l'avons quasiment pas touchée, si ce n'est pour la mixer. Romain est arrivé avec une instrumentale au violoncelle, « Mekhrath », qui a inspiré une suite, plus électrique, à Fabien, et j'ai finalement ajouté des arrangements orchestraux par-dessus. Pour l'interlude de « Dedale », c'est mon frère Julien qui est arrivé avec, il a travaillé de son côté, car il a été inspiré par la chanson « 10h57 », et elle est restée telle quelle. Cela donne un bon aperçu de notre façon de travailler actuellement. Nous savons tous ce que doit être le groupe, comment il doit sonner, l’énergie qu'on doit y insuffler, et la noirceur qu'il faut garantir pour que cela soit raccord avec l'histoire de Jon.

Le jeu de batterie est particulièrement remarquable. Est-ce un élément central dès la composition ?

Oui c'est clairement central dans notre musique. D'une part parce que mon frère apporte beaucoup d'idées, et que la rythmique est souvent insufflée dès le début par ses soins. Et d'autre part parce qu'à la base du groupe, c'était mon frère et moi qui composions les chansons ensemble, en live. Nous avons posé les jalons de notre style de cette façon, et nous avons toujours mis la batterie au centre de notre style. Parfois la première idée était la partie de batterie, sur laquelle je trouvais un riff de guitare pour la servir au mieux. Nous avons été influencés par des groupes qui transmettaient beaucoup d’énergie à travers les percussions, je pense notamment à Sepultura ou Pantera. Mon frère a un jeu très explosif, mais il affectionne le naturel, et privilégie toujours le groove. Il est capable de beaucoup de finesse quand il le faut, mais peut aussi partir dans des choses très complexes techniquement. Ce n'est pas de la démonstration, c'est ce que j'apprécie vraiment dans son jeu.

Où avez-vous enregistré l’album ? Qui s’est chargé de la production ?

A présent j'enregistre tout dans mon studio personnel, je me charge donc de l'intégralité du processus des prises de son jusqu'au mastering. Pendant des années nous avons enregistré chez Christian Carvin, et nous étions déjà assez impliqués dans ce travail, et je m'inspire des méthodes que nous avions mises en place au fil des enregistrements précédents. Sur l'album précédent je m'étais déjà chargé de faire les prises dans mon studio, nous avions « ré-ampé » chez lui, et il s'était chargé du mixage et de mastering.

Comment avez-vous abordé la production ? Quels étaient vos objectifs de départ ?

Le but était de garder une cohérence avec nos productions précédentes, ce qui n'était pas une mince affaire, car Christian travaille sur une console analogique, la célèbre SSL 4000E, pour les connaisseurs. J'ai donc dû investir dans du matériel supplémentaire pour éviter que le fossé ne soit trop grand en termes qualitatifs, mais cet investissement a porté ses fruits je pense. Et puis tout ne réside pas dans la qualité du matériel, c'est aussi la qualité des prises et des arrangements, et ainsi que la qualité des instruments et des amplis que nous utilisons. La rigueur a toujours été de mise, dans tous les cas. Je pense que le fait d'avoir la totale maîtrise est à la fois une bonne chose, mais peut s’avérer limitant si on n’a pas une méthode efficace. Je pense que ce challenge a été relevé, et que cela va nous permettre d'être plus efficaces et plus rapides à l'avenir, indéniablement.

Sur scène, comment allez-vous transposer un album aussi dense et narratif qu’Exophronicon ?

De ce côté, il n'y a pas trop de différence avec nos albums précédents, car la narration était tout aussi dense. Par contre, nous avons aussi beaucoup travaillé cet aspect, grâce à une résidence qui nous a permis de mettre en place notre light-show, qui va à présent nous suivre partout. La nouveauté étant que nous avons rajouté de la vidéo à notre spectacle. Ceux qui ont assisté à notre release party le 5 avril dernier ont pu s'en rendre compte. En tout cas nous avons eu beaucoup de bons retours dans ce sens. Nous sommes à présent autonomes techniquement, aussi bien au niveau de la sonorisation que de l'éclairage, en passant par la vidéo, et je pense que c'est réellement une étape que nous avons franchie avec cet album. Ce qui explique aussi pourquoi nous avons pris le temps pour bien faire les choses.

Avez-vous prévu une tournée ou des concerts pour défendre ce nouvel album ?

C’était prévu mais la santé de mon frère passe avant tout, nous devons attendre qu'il se remette totalement avant d'envisager des concerts classiques. Mais nous sommes en train de travailler sur une autre formule scénique, afin de pouvoir assurer la promotion de l'album malgré cette contrainte.

Quel retour avez-vous eu du public ou de la scène métal depuis la sortie de l’album ?

Pour le moment nous n'avons eu que de bons retours. Le fait que le groupe soit reparti est déjà quelque chose qui a rassuré la majorité des gens qui nous suivent depuis la première heure je pense, car le fait de continuer sans Mathieu aurait pu être plus hasardeux. Mais le public a totalement accepté Fabien il me semble, d'après ce que je perçois en tout cas. Sur le plan scénique aussi, car il a aussi un charisme qui permet de continuer à maintenir la même énergie, de mon point de vue en tout cas. Mais je pense que l'idéal serait de poser la question aux auditeurs, car c'est difficile d'être juge et partie.

Comment voyez-vous l’évolution de Mindlag Project à partir de maintenant ?

Notre objectif à présent est d'avoir toujours un album sur le feu, et de sortir des singles et des clips tous les trois mois environ. Nous avons commencé à travailler autrement, en mettant en avant beaucoup plus les sorties des singles, et du coup, notre image. Mais bien sûr, nous avons tous un agenda chargé, donc nous ferons du mieux que nous pourrons avec nos impératifs respectifs.

Pour le prochain album, on devra aussi attendre huit ans… ?

Haha non, le prochain album étant déjà à moitié composé, je pense que nous allons battre le fer pendant qu'il est chaud. Le fait que mon frère soit en convalescence induit aussi que nous travaillons beaucoup plus sur les prochaines chansons, faute de pouvoir assurer les concerts que l'on donnerait en temps normal. En tout cas la motivation est là, et puisque de nos jours, nous avons aussi la possibilité de diffuser notre musique autrement que par les concerts ou la vente d'album, le but est d'être plus présents, peu importe les contraintes.

original INTERVIEW - pavillon 666 - webzine metal rock




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