![]() |
SYLVANSHINE | ||
Chronique liée :
![]() |
|||
Lien du Groupe :
![]() |
|||
| Audio : | |||
| Mise en ligne le : 19 juillet 2025 | Intervieweur :
SpadeMayhem
| Traducteur : SpadeMayhem |
|||
![]() Spade : Salut Ion, est-ce que tu peux te présenter à nos lecteurs ? Ion : Salut, moi c’est Ion – un être humain singulier, toujours prêt à expérimenter, proposer des choses différentes et en général, à apprendre de nouvelles compétences. J’ai pris une guitare quand j’avais 14 ans et depuis, c’est mon amie spirituelle. S : Peux-tu nous expliquer ce qu’est le projet Sylvanshine ? Est-ce ton premier projet musical ? I : Sylvanshine est né il y a deux ans, en juin 2023. J’ai ressenti le besoin de démarrer un nouveau projet solo, comme une sorte d’alter ego musical, parce que je voulais exprimer certaines de mes émotions personnelles en une musique très particulière. Donc, d’une certaine façon, c’était nécessaire et un moyen de m’apporter du réconfort. À un niveau personnel, j’étais en train de digérer certains événements du passé, en remettant en question mon présent et en pensant au futur. Un processus de maturation, en quelque sorte. Mais, toutes ces inquiétudes sont devenues un terreau fertile pour écrire de la musique et écrire de la musique justement est devenu une manière d’y échapper temporairement. À cette époque, j’étais hanté par la musique de Lantlos, tout particulièrement leurs deux albums de post-black metal : “.neon” et “Agape”, qui tournaient en boucle chaque jour depuis des mois. Cela correspondait parfaitement à mon état d’esprit du moment - le désespoir brut, si éloquent, si personnel. C’était si puissant. Et les screams de Neige m’ont fait le même effet qu’un couteau qui aurait tailladé mon âme. C’est à ce moment-là que j’ai compris que je voulais transmettre les mêmes émotions aux personnes qui écoutent ma musique. C’était assez difficile de choisir un nom pour ce projet, mais je suis tombé sur celui-ci alors que je cherchais des phénomènes lumineux inhabituels. Je voulais justement qu’il y ait une référence à la lumière, en opposition avec les éléments black metal. Pour moi, la musique blackgaze vient de la contradiction. Donc, en posant un nom sur ce projet, j’ai voulu suggérer ce contraste. Mais, en général, j’aime beaucoup ces dichotomies : dans la musique, les peintures, la photographie, la mode. Cela fait partie de mes goûts esthétiques. Et je pense que c’est ce qu’on peut entendre dans ma musique. Enfin, j’espère (Rires). Sylvanshine est en réalité mon deuxième projet musical. Très tôt en 2023, j’ai sorti un album space ambient avec mon autre projet, Lineae. C’est lent et méditatif. Cependant, ce projet est relégué aux oubliettes pour le moment, puisque je me concentre sur Sylvanshine. S : J’ai écouté “The Offering” et en ai fait la chronique. Ce qui m’a frappé le plus, c’est l’intensité complexe des émotions qui s’en dégagent. Qu’est-ce qui t’a inspiré pour cet album ? Quelle est son histoire ? I : En effet, “The Offering” est inspiré par des émotions réelles qui m’ont traversé. Cet album est à propos de l’amour et sa détérioration et tout ce que tout à chacun peut ressentir à travers ça : de l’introspection au désir ardent, où l’on chérit des beaux souvenirs jusqu’au moment où le mépris, la rébellion et la haine de soi prennent le dessus. C’est pourquoi l’album possède une si vaste palette de sons - c’était nécessaire pour exprimer ce contraste émotionnel. L’histoire de l’album commence quand j’ai sorti mes trois premiers singles (qui sont sortis plus tard sur l’EP “The Wanderer”) et que j’ai réalisé qu’ils étaient très différents en termes de son. Ensemble, ils ne semblaient pas former un tout uni. C’est donc à la suite de ça que j’ai décidé de me focaliser sur un album avec des morceaux plus en harmonies les uns avec les autres. Ensuite, j’ai commencé à travailler sur des nouvelles compositions. C’était un peu chaotique : j’étais toujours en train d’expérimenter avec de nouveaux arrangements ou de nouvelles guitares (acoustiques, classiques, baryton), j’ai tout essayé. D’une certaine façon, je ne savais pas exactement à quoi aller pouvoir ressembler la structure de mon album, mais ce qui était sûr, c’est que je voulais que chaque morceau soit unique et je voulais que l’album ait un son très contrasté. Une fois que j’ai eu l’intro et une première chanson, c’était comme un puzzle – j’avais juste à trouver les pièces manquantes. J’ai écrit de nombreuses démos et fait le tri et après ça, j’ai pris du temps de les peaufiner. À un moment donné, le contraste entre les morceaux était si fort que j’ai hésité à inclure le morceau “Reverie” sur l’album parce qu’il était beaucoup trop exaltant comparé aux autres morceaux plus sombres. Mais, grâce à la musique de Deafheaven, j’ai compris que je pouvais inclure autant d\'éléments opposés que je le souhaitais. Ils ont cette capacité de pouvoir commencer un morceau avec un riff de black metal et de le terminer avec des douces notes post-rock. C’est vraiment inspirant et libérateur. Je suis réellement heureux d’avoir redécouvert leur musique alors que je travaillais sur cet album. Le morceau \"Cri de Cœur\" par exemple, était inspiré par leur album Sunbather. J’ai écouté cet album en boucle pendant longtemps et j’ai été si impressionné par leur façon expressive d’utiliser le son du black metal à travers les cordes principales de leur guitare. Dans la scène metal où chaque groupe veut créer un son aussi sombre et lourd que possible, c’est extrêmement rafraîchissant d’entendre un mélange de black metal avec des distorsions des cordes principales d’une guitare, où la pesanteur se mélange avec la félicité. En plus de Deafheaven, j’ai aussi été inspiré par Lantlos et Alcest, ainsi qu’Opeth pour les parties acoustiques et My Dying Bride pour les aspects plus heavy. J’ai écouté ces groupes pendant des années, ils sont très importants pour moi. S : D’une manière générale, quelles sont tes plus grandes inspirations pour ta musique ? I : Je pense que c’est l’art en général (la musique, la photographie, la littérature et l’art classique) qui m’inspire. La musique est probablement la plus importante de tous, plus spécialement les musiques tristes. Cela se traduit dans le processus d’écriture des paroles d’un morceau. Vous pouvez ainsi vous faire une propre idée de l’artiste que vous admirez et y apporter votre propre interprétation. Je pense qu’avoir bon goût en musique est très important pour un artiste. Dans le cas contraire, on risque de passer à côté de beaucoup d’idées brillantes partagées par les autres musiciens. J’admire aussi les processus créatifs derrière, particulièrement ceux des musiciens qui créent leur propre son et qui évolue à travers le temps, qui poussent les frontières sans même les forcer et qui sont si uniques que c’est difficile de les classifier dans un seul genre musical. De Chopin à Debussy, de Radiohead à The Cure, Cocteau Twins, Aphex Twin, Slowdive, My Bloody Valentine et même dans la zone metal avec Alcest, Opeth, Agalloch, Deafheaven, Lantlos et My Dying Bride : tous ces artistes créent de la musique très profonde. Malgré le fait qu’ils soient à la croisée des genres, il y a une réelle esthétique dans leur musique. Mais les arts visuels sont aussi une source d’inspiration à leur façon. Le fait d’être un photographe amateur aide aussi. Parfois, je prends une bonne photo et pense à la façon dont je pourrais l’utiliser pour une future release et à quel niveau la musique pourrait sonner avec une telle couverture d’album. Quelquefois aussi, j’utilise les arts visuels en référence, car ils peuvent orienter mes idées vers une nouvelle direction. C’est utile et inspirant. La plupart des gens pensent que les musiciens ont créé d’abord leur musique et ensuite, ajoutent la cover, mais ça peut aussi bien fonctionner dans l’autre sens : on peut écrire de la musique pour son côté visuel. Imagine comment la Médée de Mucha pourrait se traduire en musique ? C’est difficile à se l’imaginer, mais cela vous pousse réellement dans une autre direction. Il y a là de la tragédie, de la révolte et du chagrin - et c’est déjà un bon point de départ pour imaginer de la musique. Cela fonctionne aussi pour la littérature. Tu peux partir de la souffrance d’Antigone, en absorber l’essence et l’exprimer en musique. Personne n’a à souffrir pour exprimer de la souffrance, on voit ça dans beaucoup d’œuvres d’art et parfois, c\'est plus tangible que la réalité elle-même. S : “The Offering” est votre propre création, de l’enregistrement à la production, tu as tout fait toi-même. Produire soi-même un album n’est pas évident, et à mon avis, tu as réussi le challenge ! Qu’est-ce que tu penses ? Comment tu décrirais cette expérience ? I : J’ai décidé de réaliser toutes mes productions moi-même parce que cela façonne mon propre son et je voulais que cet album soit très particulier, brut, mais pas d’une manière désagréable, mais d’une manière honnête et intime. Comme c’est le cas dans l’album .neon de Lantlos. Ça a été bien sûr l’occasion d’apprendre. J’ai produit des morceaux avant, mais j’ai voulu monter d’un cran pour cet album et ce n’était pas facile. J’ai mixé tous les morceaux pendant des semaines avant de trouver la bonne sonorité. Parfois, c’était frustrant, mais à la fin, j’ai pris tout le temps qu’il me fallait pour apporter le même niveau de qualité. Ne pas précipiter les choses, c’est très important pour moi. S : Je suis curieuse : est-ce que tu travailles sur de nouvelles choses en ce moment ? I : Oui, je suis en train de mettre en place les premières étapes de création du prochain album. J’ai commencé à partir de rien et j’essaye de nouvelles sonorités. Je n’aime pas me répéter et je veux quelque chose de neuf et intéressant, que ce soit pour moi et ceux et celles qui l’écouteront. Je voudrais intégrer de nouveaux éléments sonores, une nouvelle approche en termes de paroles, de nouvelles esthétiques. J’ai senti que j’avais changé et que j’avais beaucoup d’idées pour le prochain album, qui sont différentes de celles que j’ai intégrées dans “The Offering”. Cela ne sonne pas vraiment comme du blackgaze à la fin (Rires). Mais, je suis très à l’aise à cette pensée. Plus ça va, plus je souhaite que ce nouvel opus prenne vie. Sortir un album après des mois ou des années d’efforts est très satisfaisant, d’une façon très mystérieuse. C’est très difficile de trouver une émotion comparable à celle-ci. Merci pour cette interview et cette jolie chronique. J’espère pouvoir échanger avec vous bientôt au sujet de mes nouveaux morceaux. |
|||
![]() S : Hi Ion, can you introduce yourself for our readers ? I : Hi, I’m Ion – a curious human being, always looking to experiment with ideas, do things a little differently, and, in general, learn new skills. I picked the guitar when I was 14 years old, and since then, it’s been my spiritual companion in life. S : Can you tell us a bit more about your musical project \"Sylvanshine\" ? Is it your first musical project ? I : Sylvanshine was born two years ago, in June 2023. I felt the need to start a new one-man project, as a sort of musical alter-ego, because I wanted to express some very personal feelings in a very specific musical way. So, in a way, it came out of necessity – maybe even as a form of solace. On a personal level, I was in the process of digesting past events, questioning my present and thinking about the future. I think this can be summarized as the process of maturing. Still, all these worries became fuel for writing new music, and writing music became a way to momentarily escape them. At that time, I was obsessed with the music of Lantlos, especially their two post-black metal albums: .neon and Agape. Listening to .neon album on repeat was part of my daily routine for months. It just matched my state perfectly – the raw desperation, so expressive, so personal. It just felt so real. And Neige’s screams – oh my god – they cut through the flesh of the soul. It was during this time I realized I wanted my music to give listeners similar feelings. Choosing a name wasn’t easy because I’m quite picky, but I was lucky to stumble upon this one while searching for unusual light phenomena. I wanted some kind of reference to light, to contrast with the black metal elements. To me, blackgaze is built on contradiction, musically, it shouldn’t work, but it does. So, making the name suggest contrast was important to me. But I love contrasts in general: in music, paintings, photography, fashion. It’s just part of my aesthetic taste. And I think that’s also something one can hear in my music. I hope, haha. Sylvanshine is actually my second musical project. In early 2023, I released a space ambient album with my other project, Lineae. It’s slow and meditative music. However, right now it’s in a limbo state, as I’ve put all my efforts into Sylvanshine. S : I listened to The Offering and wrote about it. What struck me most was the dense, intricate tapestry of emotions and sounds woven into the music. What inspired this album? What’s the story behind it? I : It’s inspired by real emotional states I went through. The album is about love and its decay, and about everything one goes through emotionally in the process: from introspection, yearning, mourning, and revering beautiful memories, to the dark side of scorn, rebellion and even self-hatred. This is the main reason the album has a wide palette of sounds – it was necessary for expressing all these contrasting emotions. The story of the album starts after I released my first three singles (they later became The Wanderer EP) and realized they all had very different sounds, and collectively, didn’t feel like a cohesive whole. Naturally, I decided to focus on making an album that would sound unified. So, I started writing new material and the process was quite chaotic – I was constantly experimenting: different tunings, different guitars – acoustic, classical, baritone – I used them all. In a way, I didn’t know exactly what the final structure of the album would be, but one thing was certain: I wanted each song to be unique, and I wanted the album to have a lot of contrast in sound. Once I had the intro track and one proper song finished, it became like a puzzle – I had to find the right missing pieces. I wrote many demos and filtered out the best, and after that, I spent time polishing them one by one. At some point, the contrast between songs was so strong that I even hesitated to include the song Reverie on the album because it was just too uplifting compared to the darker songs. In this regard, Deafheaven’s music gave me the confidence to include as many contrasting elements as I wanted. These guys can start a song with a black metal riff and end it with soft post-rock bliss. It’s really inspiring and liberating. I’m really glad I rediscovered their music while working on this album. The song \"Cri de Coeur\" was also inspired by their Sunbather album. I had that album on repeat for a long time, and I was so impressed by their expressive use of black metal guitar tone with major chords. In the metal scene where every band wants to sound as evil and heavy as possible, it’s very refreshing to hear a mix of black metal with heavily distorted major chords, where heaviness blends with bliss. Alongside Deafheaven, I was also inspired by Lantlos and Alcest. As well as Opeth for the acoustic parts, and My Dying Bride for the heavy ones. I’ve listened to these bands for years, so they are very close to my heart. S : What are your main inspirations for your music ? I : I think art, in general – music, photography, literature and fine arts – I find inspiration in all of them. Music is probably the most dominant of all, especially sad music – it just translates directly into your songwritting. You get an idea from an artist you admire and bring it to light in your own way. I think having good taste in music is extremelly important for an artist; otherwise, you miss out on many brilliant ideas from other artists. I also admire artistry, especially musicians who create their own sound, and evolve it over time – who push boundaries without forcing them, and who are so unique it’s hard to fit them in a single genre. From Chopin and Debussy to Radiohead, The Cure, Cocteau Twins, Aphex Twin, Slowdive, My Bloody Valentines, and finally into the metal zone with Alcest, Opeth, Agalloch, Deafheaven, Lantlos and My Dying Bride – all of them create deeply profound music. Despite working in different genres, there is real artistry in their music. But visual arts are also inspiring in their own way. Being an amateur photographer helps too. Sometimes I take a good photo and think about whether I could use it for a future release – and how would the music sound with such an album cover. Other times, I use visual art as reference because it shifts my ideas in a different direction. It’s helpful and inspiring. Most of the people think musicians create the music first and then add a cover, but it can go the other way around as well, one can write music for the visuals. Imagine how Mucha’s Médée, would translate into music ? It’s hard to picture at first, but it definitely pushes you in a certain direction. There’s tragedy, revolt and grief – and that’s already a starting point for making music. The same goes for literature. Take Antigone’s suffering as a starting point, absorb the mood, and try to express it through music. One doesn’t have to suffer in order to express suffering – there is plenty of art that does that already, in a way that’s often more vivid than reality itself.* S : The Offering is entirely your own creation — from recording to mastering, you handled everything yourself. Self-producing an album is no easy feat, and in my opinion, you absolutely nailed it! How did you feel throughout the process? How would you describe the overall experience? I : I decided to do all the production myself because it shapes the overall sound, and I wanted the album to have a very specific character– raw, not in an unpleasant way, but in an honest and intimate way. Think of .neon by Lantlos – that kind of raw. It\'s definitely been a learning curve. I’ve produced songs before, but I had to raise the bar for this album, and it wasn’t easy. I’ve mixed some songs for weeks before finding the right balance. Sometimes it was frustrating, but in the end, I took all the time I needed to bring it to the desired level of quality. Not rushing things is definitely important to me. S : I\'m curious: are you working on new stuff right now ? I : Yes, I’m currently in the early stages of the next album. I started it from scratch and I’m trying new sound directions. I don’t like to repeat myself and I want the new music to feel fresh and interesting – both for me and the listeners. I’m looking into adding new sound elements, new songwriting approach, new aesthetics. I feel like I’ve changed, and I have many ideas for the next album, that are very different from the ones in ‘The Offering’. It might not even sound like blackgaze in the end, haha – but I’m completely fine with that. I’m also very much looking forward to making the second album a reality. Releasing music after months or years of struggle is rewarding in a very mysterious way. It’s hard to find an analogue to this feeling. Thank you for this interview and for the lovely review you wrote. I hope to speak to you again, when I’ll have new music released. |
|||
| Partager sur Facebook | |||
interview detail 2015





