Nostalgie...
2001, FUNERAL, les poids lourd du Funeral Doom/Death, sortent leur second album « In Fields Of Pestilent Grief ». J'avais alors quatre ans.
Quatorze années plus tard, les géants, qui ont d'ailleurs bifurqué du chemin Funeral pour se tourner vers la route du Doom Gothique, ont allié leur force avec les Russes de Solitude Productions pour nous offrir une séance de rattrapage et/ou un objet en plus dans la collection.
Cette critique sera aussi pour moi une découverte d'un monument du Doom d'après les dires de mon entourage. Dans tous les cas, je préfère le découvrir avec cette cover d'inspiration divine qu'avec l'ancienne...

Le CD n'est pas une simple réédition. Elle embarque en bonus deux versions démo de titres apparaissant sur l'album originel. Dans tous les cas, on gagne du contenu !
Dès lors que les premières notes résonnent au creux de notre système auditif, on se rend compte que la musique que développe le groupe (période 2000 j'entends bien) est d'une très haute sincérité. Choses qui peuvent appuyer mes dires, les suicides de deux membres quelques années plus tard. Le regretté Einar Fredriksen a d'ailleurs appuyé lui-même à plusieurs reprises que la musique du groupe était un condensé de dépression.
Comme plongeon dans le vif du sujet, il n'y a pas mieux. Toujours est-il que c'est parfaitement vrai. La voix lyrique de Hanne Hukkelberg appuie cette tension, on imagine sans effort un appel à l'aide, lyrique certes, mais suppliant. Que dire des rythmes parsemant l'enregistrement ? Une lenteur agréable à l'oreille mais maltraitant si durement les émotions de l'auditeur. Un album lourd en ressentis en somme.
Passons aux titres bonus. Les titres démos ont, comme leurs noms l'indiquent, une qualité démo, donc c'est brut. Ce qui est intéressant est de comparer les enregistrements et de s'apercevoir des différences de qualité, de composition, d'arrangement. Comment le groupe a-t-il perçu telle chose au moment de l'enregistrement de la démo, puis lors de la version album ?
C'est un plus que d'avoir ces titres ici. Malheureusement tout n'est pas tout rose. Hanne a été depuis remplacée par Sindre Nedland, un homme. Et là, ça colle pas. Là où le lyrisme renforçait notre attention et notre compassion, cette voix d'homme claire nous sort totalement de l'écoute. Le mix assez bas et vieillot des instruments et celui de la partie vocale plus moderne donnent l'impression d'écouter deux pistes totalement différentes que l'on a accolées pour voir le résultat. Sa voix doit sûrement coller avec ce que fait le groupe aujourd'hui, mais là non. Du tout.
Une version instrumentale d'époque aurait été suffisante...

Solitude Productions aime bien faire les choses. Et ils le font savoir !
Tout d'abord, visuellement, cette réédition est une œuvre d'art. On se retrouve avec un digipack sublime et bien pensé que, je pense, beaucoup auront envie d'avoir rien que pour l'artwork. Niveau musical, on reste sur du classique : une réédition poignante avec deux bonus sympas mais peu cohérents, comme beaucoup de rééditions ces jours-ci...
Mais rien que pour le graphisme, on leur pardonne et on leur dit oui !