Je vous jure que c’est vrai : « Through The Space We Die » est une démo ! Oui, je sais, c’est franchement difficile à croire. Le son est somptueux, l’artwork est soigné, le disque est assez long, mais ce n’est ni un LP ni un EP, c’est une démo !
Ixion est un duo français né en 2004 et qui nous propose donc ici son tout premier enregistrement, oeuvrant dans un style Doom Atmosphérique. Quand on sait qu’on aime réellement un genre musical, on tente de brider ses ardeurs, d’être tout de même objectif ; mais quand c’est impossible, qu’on est trop emballé, que c’est trop beau, que c’est trop bon, et que même si ce n’est pas original ça nous transcende et ça correspond exactement à ce dont on avait envie…alors on laisse tomber. Et la musique en question se retrouve classée en « coup de cœur », parce que non, on ne fait aucun effort pour être totalement objectif. On veut encourager la scène Doom, faire comprendre aux musiciens à quel point on a trouvé leur travail splendide, à quel point on a été soufflé par la beauté et la sensibilité de leur musique, ainsi que par le professionnalisme du mixage et de la composition.

Musicalement, Ixion se positionne entre un Doom mélodique, désolé et sépulcral (influences avouées de Swallow The Sun, My Dying Bride et Shape Of Despair) très axé sur l’aspect atmosphérique, et une dark ambient fine et mélancolique qui n’est pas sans rappeler Artesia (pour les sons de claviers planants et satinés, et le violon sur le sublime « Closer Now »). Lents et désespérés, les titres s’écoulent comme l’eau d’une fontaine dans un cimetière : le climat est si triste, si songeur, que même l’eau semble être en état de contemplation ; dans les méandres d’Ixion rôdent des revenants, des anges en sanglots, des étoiles mortes ; merveilleusement visuelle, évocatrice, et immédiatement belle, la musique emporte l’auditeur dans un tourbillon de mélancolie et de rêverie, au travers de paysages nocturnes, spaciaux et mortuaires, toujours terriblement esthétiques.
On ne saurait se montrer plus exigeant envers une démo, la première qui plus est, et dans un style comme le Doom atmo qui atteint parfaitement son objectif sur « Through The Space We Die ». Longs riffs en second plan sous des claviers spectraux, growls dépressifs très réussis de Thomas, structure abstraite et efficace à la fois…il faut le dire, c’est impressionnant de maîtrise et d’intensité. La production est époustouflante pour une démo, et le côté encore un tout petit peu balbutiant donne un charme fou au son – il serait d’ailleurs à propos de conserver cet aspect à l’avenir car il contribue à la personnalité sonore du duo.
Alors on se demande bien ce que va donner l’album déjà en préparation, et on va passer ses nuits à attendre la sortie. Du moins si l’on est fan de Doom atmosphérique émotionnel, sans la moindre trace de haine Wormphlegmesque, maniéré, romantique et éthéré. Une énorme révélation.